Pourquoi les aides n'empêcheront pas les faillites et destructions d’emplois cette année

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Olivier Samain et Nicoals Barré, édité par Rémi Duchemin
L’année 2020 s’est conclue sur un nombre très bas de faillites d’entreprises, malgré la crise économique consécutive à la crise sanitaire. Grâce aux aides du gouvernement, et notamment à la mise en place du chômage partiel, certaines sociétés ont pu se sauver. Mais le retour à la normale en 2021 pourrait être douloureux.
DÉCRYPTAGE

Depuis l'apparition de l'épidémie de coronavirus, la France traverse l’une des pires crises économiques de son histoire, avec notamment une récession de près de 410% en 2020... Et pourtant, jamais les entreprises n'ont été si peu nombreuses à se déclarer en faillite : 32.000 l’an passé, alors que depuis une douzaine d’années, la moyenne se situait entre 50 et 60.000 faillites par an. Des dégâts également limités sur le front de l'emploi, grâce au recours massif au chômage partiel. Mais en la matière, les premières fissures sont apparues, avec des annonces de destruction d’emploi. Et cela fait craindre un retour de bâton douloureux pour 2021.

Car à l’heure actuelle, l’économie française reste sous perfusion. Un fonds de solidarité a épongé une partie des pertes de chiffre d’affaires, des directives ont été données aux Urssaf de ne pas assigner les entreprises qui ne paient plus au tribunal. Or, ces seules procédures sont responsables en temps normal d’un quart des faillites en France. Grâce à toutes ces mesures, la France, a donc évité un tsunami de faillites.

Des entreprises "zombies" au bord du précipice

Mais en 2021, il va sans doute falloir faire du tri, entre les entreprises qui méritent d’être sauvées et celles dont la survie artificielle ne pourra pas être prolongée. Il y a en France un grand nombre d’entreprises dites "zombies", qui auraient dû faire faillite l’an dernier. Elles sont aujourd’hui encore plus près du précipice. Le défi de 2021 va être d’éviter que leur défaillance n’en provoque d’autres dans la foulée, bref, que le gel observé l’an dernier à coup d’aides publiques ne se traduise par un dégel brutal cette année.

La préoccupation, pour l’exécutif, est la même sur le front de l’emploi. Malgré l’aide qu’elles reçoivent de l’Etat au titre de l’activité partielle, des entreprises préparent des réductions d’effectifs.  Dernier exemple en date : le groupe Accor, qui a annoncé la semaine dernière son intention de supprimer 1.900 emplois, dont 770 en France. L’argument avancé à chaque fois par ces entreprises est le même : à la sortie de la crise, les affaires ne repartiront pas comme avant.

L'espoir : un rebond de l'activité grâce à la vaccination

Il y a aussi les PME, dans la restauration notamment qui, bien que bénéficiant de l’activité partielle, n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Elles doivent payer les jours fériés de leurs salariés et leurs congés payés - avec une aide, mais dans la limite de 10 jours... Et commencent donc à se séparer de certains de leurs salariés. Le constat est le même que pour les faillites : les entreprises qui étaient mal en point avant la crise n’ont obtenu qu’un sursis. Pour elles, c’est écrit d’avance : la fin des aides déclenchera faillite et licenciements.

C’est là toute la limite du dispositif instauré dès le début de la crise et pour lequel plus de 30 milliards d’euros ont été dépensés à ce jour. Au mois de novembre (dernier mois dont les chiffres sont connus), il concernait encore près de 3 millions de salariés. Le seul espoir désormais, c’est le rebond de l’activité. Et ce rebond est directement lié à l'accélération de la vaccination, laquelle est devenue le baromètre de notre économie.