Loi Macron : où en est-on du travail le dimanche ?

Les syndicats de la Fnac ont fait jouer leur droit d'opposition.
Les syndicats de la Fnac ont fait jouer leur droit d'opposition. © ERIC PIERMONT / AFP
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Anne-Laure Jumet avec M.S. , modifié à
Peu d'accords ont été signés dans les grands magasins parisiens sur ce volet emblématique de la loi Macron.

On a beaucoup parlé du travail du dimanche avec la loi Macron, qui a notamment pour objectif de permettre aux grands magasins parisiens d'ouvrir le dimanche. Mais il y a pour l'instant peu d'accords sur le travail dominical. Beaucoup de syndicats y font barrage et sans accord, il ne peut y avoir d'ouverture. Six mois après la promulgation du texte, Europe 1 a enquêté.

Des accords au compte-goutte. Les marques de vêtements Etam et Zara ont réussi à en signer un, tout comme Nature et Découvertes. Darty a recyclé un ancien texte. A Paris, 86 enseignes ont réussi à ouvrir au centre commercial Beaugrenelle. Il y a peu de salariés dans les boutique et elles n'ont donc pas besoin de trouver d'accord avec les syndicats.
 
Sinon, l'horizon est complètement bouché. La branche commerce qui représente les grands magasins n'a pas trouvé d'accord avec les représentant syndicaux. Du coup, chaque enseigne est contrainte de lancer ses propres négociations. Les Galeries Lafayettes ont démarré les discussions vendredi dernier. A ce stade, les syndicats opposés au travail dominical y sont majoritaires. A la Fnac, les syndicats ont fait jouer leur droit d'opposition, et ce malgré une proposition de la direction de tripler la rémunération des douze meilleurs dimanche. Au BHV, les salariés consultés sur la question ont dit non. L’ouverture dominicale est également bloquée pour la grande majorité des maisons de luxe du Faubourg Saint-Honoré, à Paris.

Disparition du droit d'opposition. Avec la loi El Khomri, qui a pour objectif de surmonter les blocages, le droit d'opposition disparaît. Et si un accord est trouvé avec des syndicats minoritaires, ces derniers peuvent réclamer un référendum auprès des salariés. Si c'est le "oui" qui l'emporte, l’accord est validé. Est-ce que ce dispositif peut marcher ? Une étude de France Stratégie a examiné les réformes similaires à l'étranger. Il en ressort que des emplois ont été créés, que les prix n'ont pas augmenté et qu'il n'y a pas eu d'effet report, autrement dit que de l'activité supplémentaire a été créée le dimanche.

Un point de comparaison : dans le plus grand centre commercial d'Europe, les Quatre Temps, à La Défense, près de Paris, 15 % du chiffre d'affaires est réalisé le dimanche. Darty précisait pendant les débats sur la loi Macron que le dimanche représenterait 18 % du chiffre d'affaires des magasins qui peuvent déjà ouvrir ce jour-là. Mais les représentants des grands magasins reconnaissent eux-mêmes qu’ouvrir tous les dimanches de l'année n'est pas forcément très rentable, car il faut payer plus les salariés. Sur les 52 dimanches de l’année, dix à quinze sont rentables, car ils correspondent à des périodes de fort trafic. Stéphane Maquaire, le patron de Monoprix l’a d'ailleurs reconnu le 24 janvier dans l'émission Ecosystème sur Europe 1 : douze dimanches ouverts sont peut-être suffisants.