Les taxes américaines sur le vin français entrent en vigueur : "Il est certain que nous allons perdre des parts de marché"

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Stéphane Place
Au micro d'Europe 1, Philippe Castéja, à la tête de domaines viticoles dans le Bordelais, estime que les nouvelles taxes américains pourrait faire reculer le développement de ce pan majeur des exportations françaises.
INTERVIEW

C'est le deuxième secteur d'exportation de la France, et il va directement faire les frais des nouvelles taxes américaines qui s'appliquent à partir de vendredi. Le vin français est dans le viseur de Donald Trump, ce qui nourrit de vives inquiétudes pour les professionnels du secteur, déjà dans l'incertitude à cause du Brexit pour le marché britannique, sans oublier le ralentissement économique de la Chine, et la situation très mauvaise pour les affaires à Hong-Kong.

"Pour tous les vins français, cela veut dire une augmentation du tarif de détail de 25%, ce qui va complètement freiner le développement de nos ventes aux Etats-Unis, alors que nous étions en plein travail de réimplantation et de redistribution", explique au micro d’Europe 1 Philippe Castéja qui est à la tête, dans le Bordelais, d'une dizaine de domaines viticoles et d'une importante maison de négoce.

"Cela a été très bien pensé par les Américains"

Alors que le marché américain représente entre 10 et 15% des exportations de vin français dans le monde, Philippe Castéja dénonce des mesures prises spécifiquement pour pénaliser la France. "Cela a été très bien pensé par les Américains. Par exemple, en matière de vin, les Italiens ne sont pas impactés. Vous allez avoir des produits importés qui ne vont pas bouger de prix, alors que les nôtres vont changer de prix. Il est certain que nous allons perdre des parts de marché", déplore-t-il.

"Tout ce qui pouvait être expédié et arriver avant le jour J, c’est-à-dire le 18 octobre, a été envoyé", assure encore cet acteur majeur du vin français. Plus que jamais, le monde du vin attend des compensations de l'Europe et demande à la France de faire entendre sa voix. "Maintenant, il va falloir que le gouvernement et l’Europe abondent les entreprises pour que les produits puissent continuer à être distribués dans les zones de prix qui sont les leurs", conclut Philippe Castéja.