Les matches de foot taxés pour financer l'aide humanitaire ?

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avec AFP , modifié à
Dans un rapport publié dimanche, l'ONU propose de taxer les rencontres sportives mais aussi l'essence et les billets d'avions pour récolter plus de dons.

L'ONU suggère une "contribution volontaire" sous forme de taxe sur les transports, les matches de football ou les concerts pour combler le fossé grandissant entre besoins humanitaires et dons, dans un rapport publié dimanche. Les auteurs du rapport, neuf experts sous l'égide de la Commissaire européenne Kristalina Georgieva et du sultan malaisien Nazrin Shah, souhaitent aussi puiser dans la manne que représente la finance sociale islamique, alimentée par les aumônes musulmanes (zakat), et améliorer l'efficacité et la transparence des opérations humanitaires.

24.5 milliards de dollars de besoin par an. Les besoins humanitaires sont passés de 2 milliards de dollars en 2000 à 24,5 milliards quinze ans plus tard, sous l'effet de la multiplication des conflits et des catastrophes naturelles aggravées par le changement climatique, constatent-ils. En 2015, l'ONU n'a recueilli que la moitié des fonds demandés.  "Jamais le monde n'a été aussi généreux (...) mais jamais non plus cette générosité n'a été aussi insuffisante", déplore Kristalina Georgieva. 

"Taxe de solidarité" sur les services. Si l'ONU estime qu'il faut "réduire les besoins" en prévenant mieux les conflits, elle veut aussi élargir le cercle des donateurs (cinq pays fournissent les deux-tiers de l'aide humanitaire publique) et trouver de nouvelles sources. Une des idées les plus concrètes est de créer une "taxe de solidarité" appliquée sur certains biens ou services. Comme Unitaid, une ONG qui a persuadé dix pays de prélever quelques dollars sur chaque billet d'avion pour lutter contre le paludisme ou le sida et qui a ainsi 1,6 milliard d'euros entre 2006 et 2011.

La Fifa déjà contactée. Pour Kristalina Georgieva, "il est possible de mettre en place une micro-contribution assise sur un énorme volume" de transactions. Elle a cité en vrac le carburant, les concerts, les films ou les compétitions sportives, précisant que des contacts avaient été pris avec la Fédération internationale de football (Fifa). Mais l'exemple de la taxe Tobin sur les transactions financières montre à quel point "c'est une question difficile", note-t-elle.

Des dons sans affectations précises. Une autre option est de diriger vers les opérations humanitaires une partie des centaines de milliards de dollars brassés chaque année par les institutions financières islamiques. "La finance sociale islamique est un territoire qui n'est pas assez exploré", relève le rapport. Enfin, l'ONU appelle donateurs et ONG à passer un "accord global" : les premiers accepteraient des versements pluri-annuels et sans affectation spécifique, les secondes feraient des efforts de transparence, avec des méthodes comptables harmonisées et moins de bureaucratie et de gaspillage.