Les entreprises françaises partent à l’assaut du prometteur marché iranien

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et François Geffrier , modifié à
DIPLOMATIE ECONOMIQUE - Une délégation de plus de 130 chefs d’entreprises est arrivée lundi à Téhéran pour tenter de profiter de la future reprise des échanges commerciaux.

Un avion spécialement affrété par le Medef, une délégation riche de plus de 130 personnes et de deux ministres : les entreprises françaises ont mis les moyens pour leur séjour de trois jours à la rencontre des autorités et des entreprises iraniennes. Une délégation tricolore est en effet arrivée lundi à Téhéran pour un séjour de trois jours stratégique. Car l’Iran, cible de sanctions économiques depuis des années, va bientôt ouvrir ses frontières et ce marché de 80 millions d’habitants va représenter une opportunité de taille que les entreprises françaises ne veulent pas rater.

Patrons et ministres à la conquête de l’Iran. S’il est habituel que l’Etat et les entreprises françaises s’associent pour mener une diplomatie économique et partir à la conquête de nouveaux marchés, il est rare que les délégations françaises soient aussi riches que celle arrivée lundi. En effet, plus de 130 hommes d’affaires français sont arrivés accompagnés du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll et de Matthias Fekl, secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur. A ce jour, seul le marché chinois a fait l’objet de telles attentions.

Si de nombreuses grandes entreprises sont du voyage, Airbus, EDF, Lafarge et Orange en tête, d’autres sociétés beaucoup plus modestes découvrent pour la première fois l’Iran. Mais, à l’image de la petite entreprise de produits de beauté Graine de pastel - 15 employés - , elles savent très bien pourquoi elles ont fait le déplacement. "C’est le septième marché cosmétique dans le monde. Les Iraniennes sont non seulement belles mais très attirées par la beauté. On sait qu’elles passent plus d’une heure devant leur miroir, qu’il y a une réelle tradition autour du soin du visage et du corps. Une Iranienne achète un mascara par mois, une Française en achète un tous les trimestres", détaille la fondatrice Carole Garcia, qui souhaite installer prochainement une boutique à Téhéran.

L’Hexagone vante son offre agroalimentaire. La délégation tricolore n’est pas seulement là pour vendre le chic à la française. Les secteurs agricoles et agroalimentaires français ont également une carte à jouer : l’agriculture iranienne a été pénalisée par les années de sanctions. "Quand vous êtes sous embargo pendant des années, vous n’avez pas accès aux innovations. Or en agriculture, il y a de l’innovation permanente, tous les ans vous avez de nouvelles variétés de blé, de betteraves, etc. Cela, ça intéresse beaucoup les Iraniens", décrypte François Burgaud, président de l’Association pour le Développement des Echanges internationaux de Produits et Techniques Agroalimentaires (Adepta).

21.09.Iran.Le Foll.agriculture.ATTA KENARE  AFP.1280.640

Un marché prometteur qui aiguise les convoitises. La diplomatie tricolore fait tout pour faciliter le séjour des entrepreneurs français : ces derniers avaient rendez-vous lundi matin à l’ambassade pour bénéficier de conseils sur l’économie iranienne, ses besoins, les méthodes de négociations à la perse, etc. Un mode d’emploi plus qu’utile avant de multiplier les rendez-vous avec les entreprises et les autorités iraniennes. Voire même indispensable, tant l’Iran est pris d’assaut par les entreprises du monde entier.

Car depuis que la levée des sanctions économiques se profile, suite à l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet, les hommes d’affaires sont dans les starting blocks : ils ne veulent pas passer à côté d’un marché de 80 millions de consommateurs frustrés par des années d’embargo. Le secteur aéronautique en dit long sur les enjeux économiques : la flotte iranienne comprend actuellement 140 avions en activité, dont la moyenne d'âge est d'environ 20 ans. Des appareils d’autant plus désuets que l'industrie du transport aérien était soumise à un embargo américain depuis 1995 empêchant les constructeurs occidentaux de vendre des appareils et des pièces détachées aux compagnies iraniennes. Résultat, l’Iran envisage d’acheter entre 80 et 90 avions de lignes par an.

Depuis le début de l’année, l’aéroport de Téhéran voit donc défiler le monde des affaires : une délégation suisse en avril, une autre allemande – dont le vice-chancelier – en juillet, une autre hollandaise mi-septembre, tandis que les Japonais sont annoncés pour début octobre. Téhéran est plus que jamais l’endroit où il faut être en ce moment pour faire des affaires.