Les chefs d’entreprise ont perdu le moral

© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Chaque mois, Europe 1 sonde l’état d’esprit des patrons. Ce baromètre est retombé à son plus bas niveau depuis un an.

L’économie, c'est des chiffres, mais aussi de la psychologie. Or de ce côté-là, le vent à définitivement tourné : après s’être déclarés de plus en plus optimiste au cours de l’année 2015, les chefs d’entreprises broient du noir depuis quatre mois. En février, le moral des patrons est même au plus bas depuis l'année dernière, d’après le baromètre réalisé chaque mois par Opinionway pour Europe 1, CCI France et La Tribune.

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40% des patrons redoutent des jours plus difficiles. Interrogés sur leur vision du futur, les chefs d’entreprises se déclarent plus pessimistes qu’auparavant : ils ne sont que 35% à estimer que demain sera mieux qu’aujourd’hui, le niveau le plus bas depuis que ce baromètre a été lancé en février 2015. C’est dans les services que le moral des patrons est au plus bas, tandis que les plus optimistes sont ceux du secteur industriel.

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Lorsqu’on les interroge sur le sort de leur propre entreprise, les sondés sont en revanche plus optimiste : 52% des patrons se déclarent très confiant ou assez confiant pour les douze mois à venir. Mais là aussi, c’est le plus faible résultat depuis un an. Leur point de vue sur l’économie française et mondiale est en revanche bien plus sombre : 22% se déclarent confiants pour l’économie mondiale et seulement 13% lorsqu’il s’agit de l’économie française. Ce sentiment est néanmoins plus ou moins fort selon la taille de l’entreprise : les patrons des sociétés employant plus de dix salariés sont plus optimistes que ceux à la tête d’une TPE.

L’alignement des planètes ne bénéficie pas à tous. Cette baisse de moral peut intriguer au moment il est question "d’alignement des planètes ", un terme qui désigne la concomitance de tendances favorables à l’économie française : la chute des cours du pétrole, la baisse de l’euro et des taux d’intérêt très faibles. Mais ce contexte très favorable ne change pour l’instant pas grand-chose dans le quotidien d’un boulanger ou d’un commerçant. Avec un carnet de commandes qui ne se remplit pas plus que d’habitude, les chefs d’entreprises n’ont donc pas de raison d’embaucher.

La prime à l’embauche ne change pas la donne. Pour redonner le moral aux employeurs, le gouvernement a pourtant multiplié les dispositifs d’aide, dont le dernier est une prime à l’embauche pouvant aller jusqu’à 4.000 euros par an pour toute embauche en CDI ou en CDD de plus de six mois. Pourtant, seuls 40% des patrons sondés comptent l’utiliser en 2016, une nouvelle fois à cause d’un carnet de commandes pas assez rempli ou d’un manque de visibilité. Au final, ce sont surtout les grosses PME capables d’affronter un trou d’air qui utilisent ce dispositif.

* Etude réalisée par téléphone du 8 au 23 février 2016 auprès de 605 dirigeants d’entreprise