Les crédits immobiliers, qui sont à un niveau jamais vu en France, s'emballent-ils beaucoup trop ? Inquiètes du degré auquel les ménages semblent prêts à s'endetter aujourd'hui, les autorités financières demandent aux banques de limiter leur offre, sans franchir encore le cap de mesures restrictives. Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), qui rassemble notamment le ministère de l'Économie et la Banque de France, a recommandé jeudi aux banques de ne pas octroyer de crédit immobilier sur plus de 25 ans.
Risques d'un "endettement excessif"
Le HCSF leur demande aussi de ne pas accepter de dossiers dans lesquels les remboursements représenteraient plus d'un tiers des revenus du ménage. "Nous avons pris aujourd'hui (…) des mesures de sagesse et de prévention", a déclaré François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, dans un communiqué. "Elles vont protéger les ménages français des risques d'un endettement excessif dû à leur emprunt immobilier, tout en préservant leurs capacités d'accession à la propriété."
Ces annonces marquent un tournant pour les autorités financières, qui affichaient jusqu'alors leur sérénité face à un marché français du logement en plein essor. Celui-ci profite de conditions de crédit extrêmement favorables, elles-mêmes alimentées depuis des années par la politique interventionniste de la Banque centrale européenne (BCE), qui pratique des taux nuls voire négatifs.
Plancher historique
Les taux des crédits immobiliers français sont eux-mêmes à leur plancher historique, à guère plus de 1%. C'est, grosso modo, semblable à l'inflation, ce qui revient presque à dire que l'on peut gagner du pouvoir d'achat en empruntant. Les durées de remboursements s'étalent fréquemment sur des décennies et le montant total des sommes empruntées a dépassé l'an dernier la barre des 1.000 milliards d'euros.