EDITO - Face à un marché du crédit immobilier en surchauffe, "les banques ne gagnent plus d'argent et se mettent en risque, ce qui inquiète le gouvernement"

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Daniel Fortin
Le ministère de l'Economie s'inquiète d'une certaine dérive des banques, toujours ouverts à satisfaire leurs clients dans leur demande de prêt immobilier. Face à la surchauffe du marché, le gouvernement entend reprendre la main selon notre éditorialiste Daniel Fortin. 

>> Le ministère de l'Economie conclut cette semaine la consultation lancée début octobre sur la situation du crédit immobilier en France. Devant la concurrence acharnée que se livrent des banques qui ne gagnent plus d'argent, le gouvernement s'inquiète d'un risque de surchauffe du marché. Notre éditorialiste, Daniel Fortin, rédacteur en chef aux Echos, nous détaille les solutions étudiées par l'Etat. 

Le marché du crédit immobilier "est-il menacé de surchauffe ?" C’est la crainte de Bercy qui a manifestement décidé de freiner l’ardeur des banques à accorder toujours plus de prêts aux ménages

Oui et il faut dire que les chiffres sont éloquents. En août dernier les emprunts des ménages pour s’acheter un logement se sont encore envolés de 6,5%. Une tendance qui ne se dément pas puisque aujourd’hui le marché des crédits immobiliers explose. Il atteint 1.000 milliards d’euros au total. Les banques se font une concurrence sauvage pour attirer les clients et elles accordent des conditions de plus en plus généreuses. Le plus spectaculaire, ce sont les taux. Ils sont de plus en plus bas. On en était à 1,7 % en moyenne en 2012, on en est à 0,8 % aujourd’hui. A ce prix là les banques ne gagnent tout simplement plus d’argent, donc elles se mettent en risque et c’est ce qui inquiète le gouvernement.

Mais comment peut-on ralentir les crédits sans décourager les futurs propriétaires ?

Alors c’est toute la difficulté, d’où l’extrême prudence de Bercy qui étudie tout de même plusieurs solutions. On pourrait par exemple rendre vraiment contraignant le plafond de revenus maximal consacré au remboursement des emprunts. Au-delà de 33 %, on n’accorderait plus de prêts. Autre piste, limiter les renégociations de crédits auprès d’autres banques, ce qui est devenu le sport favori des français. Enfin autre mesure encore plus radicale, on fixerait un taux plancher en dessous duquel les banques n’auraient plus le droit de descendre. Alors tout ceci est à l’étude, et le gouvernement devrait trancher dans les prochains jours mais il affronte une forte résistance des banques qui n’ont aucune envie de perdre ce formidable appât à clients que sont les crédits immobiliers.