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Les actifs sont-ils vraiment écrasés par les «retraites géantes des boomers» ?

Yanis Darras . 3 min
Ultime opération sauvetage pour le «conclave» des retraites, le Medef «très réservé»
Les retraites pèsent lourd sur les dépenses publiques. AFP / © JOEL SAGET / AFP

Charges, taxes, cotisations… Difficile d'échapper à l'imposition en France. Parmi les plus taxés : les actifs, qui participent activement au financement du système des retraites. Mais alors que la pérennité de ce dernier fait encore la une de l'actualité, les salariés sont-ils en train d'être asphyxiés par le poids des retraités ? Europe 1 s'est penchée sur le sujet.

Prélèvements sociaux, impôts, taxes diverses et variées... Pas de doute : la France est l'une des championnes du monde des prélèvements obligatoires. Régulièrement, l'Hexagone arrive en tête des classements des pays de l'OCDE ayant le plus haut taux (environ 46% du PIB en 2023 selon Eurostat ndlr), devant le Danemark, la Belgique ou encore l'Autriche. 

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De quoi susciter la colère de plus en plus de Français, qui s'alarment d'être autant ponctionnés. Sur les réseaux sociaux, l'expression "C'est Nicolas qui paie" se repend rapidement. Une phrase régulièrement couplée à une image représentant un homme trentenaire se tenant la tête dans les mains, accablé. Une manière de dénoncer le poids des taxes sur les salariés et les entrepreneurs, mais aussi de souligner la mauvaise gestion de l'argent public.

Un système de retraite au bord de l'agonie ?

Parmi les dépenses les plus lourdes dans les comptes : les retraites. Le système actuel par répartition, qui se base sur l'entraide intergénérationnelle (on prélève des cotisations sur le salaire des actifs pour les redistribuer aux retraités), revient régulièrement au cœur de l'actu, face à la difficulté de le financer

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Alors que l'on comptait environ trois actifs pour un retraité en 1975, l'écart s'est progressivement réduit au fil des années pour atteindre environ 1,8 actif par retraité au début des années 2020. Conséquence directe : les retraites pèsent lourd dans le budget de l'État. En 2022, elles représentaient près de 14,4% du PIB, soit trois points de plus que la moyenne européenne. C'est ainsi le premier poste de dépense du pays, devant la santé ou la protection sociale (chômage, famille...), et très loin devant l'éducation. D'où la volonté d'une partie de la jeune génération de "baisser les retraites géantes des boomers". 

Des jeunes doublement lésés

D'après l'Insee, la France a dépensé près de 369 milliards d'euros pour les retraites en 2023, financés à deux tiers par les cotisations, le reste par des impôts comme la CSG, et aussi par la dette. Mais, "si on y met toutes les retraites publiques, y compris les pensions militaires, on est plutôt autour de 410 milliards d'euros", explique à Europe 1 Bertrand Martinot, expert associé à l'institut Montaigne. 

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"Ce qui compte, c'est le ratio entre le nombre d'actifs et de retraités", poursuit-il, soulignant que ce dernier n'a cessé de se réduire au fil du temps. Résultat, le système français est particulièrement injuste pour les jeunes générations.

"L'équité voudrait que, entre une génération A et une génération B, le rendement du système soit le même. Mais la démographie est vieillissante et vous avez désormais une machine anti-redistributive. Ainsi, au fur et à mesure du renouvellement des générations, on va avoir une charge de plus en plus importante pour les nouveaux venus et des perspectives de retraites de plus en plus dégradées pour eux", insiste l'auteur du livre Le travail est la solution aux éditions Hermann, avec Franck Morel.

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La capitalisation comme solution ?

"Ainsi, la génération des baby-boomers, qui était particulièrement nombreuse, fait peser un poids élevé sur les générations d'après", poursuit Bertrand Martinot. Face à la situation, les adeptes du mouvement "C'est Nicolas qui paie" proposent notamment de baisser les retraites afin "de rendre aux actifs le fruit de leur travail", et de favoriser la mise en place d'un système de retraites par capitalisation (les salariés placent alors une somme tous les mois sur un compte pour préparer leur retraite ndlr). 

Mais pour y arriver, il faudra des adaptations prévient l'économiste. "D'abord, il faudra travailler plus sur une année donnée, on n'y échappera pas. Et la deuxième chose, c'est qu'il faudra faire contribuer les retraités actuelles à la montée en charge du régime (de capitalisation ndlr). On pourrait y arriver via, par exemple, une désindexation des retraites partielle de 1% pendant dix ans et aussi avec la suppression de l'abattement de 10% sur l'impôt sur le revenus des retraités" afin d'éviter que les actifs paient "deux fois".

"Ça éviterait la double cotisation", insiste-t-il, soulignant qu'il faudra encore prélever des cotisations aux salariés pour payer les retraités, tout en obligeant les Français en âge de travailler à chercher de nouvelles marges pour économiser de l'argent pour préparer leur retraite.