Impôt sur le revenu : de plus en plus lourd, sur de moins en moins de Français
En 2023, l’impôt sur le revenu a rapporté plus de 80 milliards d’euros à l’État, contre moins de 70 milliards dix ans plus tôt. Pourtant, moins de 45% des foyers fiscaux sont désormais imposés. Surtout, 10% des contribuables acquittent à eux seuls environ 75% du total de cet impôt. Une concentration qui alimente les tensions autour de la répartition de l’effort fiscal.
Pourquoi le ras-le-bol fiscal refait-il surface aujourd’hui ? Les raisons sont multiples. Il y a la dégradation des services publics, les discours à gauche qui pointent les riches, mais la genèse est peut-être à chercher du côté de l’impôt sur le revenu, tout simplement parce qu’il repose de plus en plus sur une minorité de Français.
Seuls 19 millions de foyers fiscaux français sont redevables de l'impôt sur le revenu
Sur les 41 millions de foyers fiscaux français, seuls 19 millions sont désormais redevables de l'impôt sur le revenu, soit 45% contre plus de 50% il y a un peu plus de 10 ans. Dans le même temps, les recettes issues de cet impôt ont gonflé : plus de 80 milliards d'euros en 2023 contre moins de 70 milliards d'euros en 2014.
L'impôt sur le revenu rapporte donc de plus en plus, tout en reposant sur de moins en moins de Français. Et la majeure partie de la note est assumée par un très petit nombre de foyers, rappelle Pierre Boyer, économiste et professeur à l'École Polytechnique. "L'impôt sur le revenu, c'est l'instrument principal de redistribution entre les plus aisés et les plus modestes, puisqu'il est conçu comme un impôt qui est progressif, donc qui augmente avec le revenu. Les trois-quarts de l'impôt sur le revenu sont payés par les 10% des revenus les plus aisés", explique-t-il.
Et la réforme du prélèvement à la source en 2019 n'a pas invisibilisé l'impôt sur le revenu. Près d'un Français sur deux connaît même aujourd'hui très précisément son taux de prélèvement.