Le ton commence à monter chez SFR

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G.V. avec AFP , modifié à
GROGNE - Les salariés de l'opérateur télécom, mais aussi ses sous-traitants, redoutent un vaste plan d'économies suite au rachat de l'entreprise par Patrick Drahi.

Le nouveau propriétaire de SFR, Patrick Drahi, est précédé par sa réputation de cost-killer. Si bien que les employés du groupe SFR commencent à s’inquiéter pour leurs conditions de travail, voire leur avenir : les délégués syndicaux du groupe ont fait état de leurs inquiétudes mercredi et organisent un mouvement de grève le 19 mai.

Le ton monte chez SFR. Depuis la fusion avec Numericable, "la pression est énorme au quotidien" sur les salariés, qui sont de plus dans une "incertitude complète", a déclaré mercredi Damien Bornerand, délégué syndical central CGT chez SFR, lors d'une conférence de presse commune avec des délégués CGT de sociétés sous-traitantes de l'opérateur télécoms. Il a dénoncé une "méthode brutale de management" dans l'entreprise avec, par exemple, des "commerciaux en burn-out".

"A force de ne valider aucune commande pour ne sortir aucun euro, on se trouve régulièrement avec pas de papier dans l'imprimante ou pas de papier toilette", a-t-il raconté. "Ça peut sembler anecdotique, mais ça montre bien jusqu'où ça va." Et les syndicats de s'inquiéter pour l'emploi, même si lors de la reprise de SFR, Patrick Drahi s'est engagé à ne licencier personne pendant trois ans : en mettant sous pression ou au placard certains employés, les syndicats redoutent que ces derniers démissionnent.

Les sous-traitants sous pression : 2.000 emplois menacés. Les employés de SFR ne sont pas les seuls à mal vivre ce changement de propriétaire : l'inquiétude monte aussi chez nombre de ses sous-traitants et prestataires, qui craignent des répercussions sur l'emploi du fait de contrats renégociés à la baisse. En effet, à peine arrivé aux manettes, Patrick Drahi a décidé de renégocier les contrats avec la plupart de ses sous-traitants et fournisseurs. Depuis novembre, "les prestations ont été soit dénoncées, soit payées très tardivement" : "le but, c'était de les prendre à la gorge de manière à renégocier les contrats avec en moyenne 30 à 35% de baisse", assure le délégué syndical central CGT chez SFR.

Une demande qui place ces entreprises, comme les centres d'appel Sitel France ou B2S, dans une situation délicate. "C'est une épée de Damoclès au-dessus de notre tête, avec plus de 1.000 emplois menacés", a témoigné Emmanuelle Gagnier, déléguée CGT à Sitel France. "Si on perd le contrat avec SFR ou si ces baisses de tarifs aboutissent, je ne vois pas comment on peut s'en sortir", a-t-elle dit, dans la mesure où ce contrat représente "70% de notre activité". Sitel compte 1.500 à 1.600 salariés en France, dont 500 à Troyes uniquement dédiés au contrat avec SFR.

Chez B2S (2.500 salariés en France), qui fait "40% de son chiffre d'affaires avec SFR", même inquiétude selon le délégué CGT Thierry Palatte. La situation est aussi difficile pour SFD, le plus gros distributeur de SFR, a affirmé la déléguée CGT Andreea Epure, car "nous, on fait des ventes en boutiques et ça ne suit pas derrière, mais notre objectif ne bouge pas".