Bercy dans le viseur. Mercredi, la Commission des affaires économiques a auditionné trois économistes indépendants dans le cadre de la mission d’information sur la dégradation des finances publiques. Les Sénateurs aimeraient comprendre comment Bercy, qui tablait sur un retour du déficit à 4,9% du PIB, a-t-il pu se tromper à ce point et pourquoi le gouvernement a-t-il attendu si longtemps pour corriger le tir en février dernier. Depuis 2022, Bercy a souvent déjoué les prévisions des économistes sur l'inflation, le taux de chômage ou la croissance.
L'an dernier, les faibles rentrées fiscales ont fait dérailler le scénario gouvernemental de réduction du déficit. Bruno Le Maire était au courant dès le 2 décembre car ses services l’avaient informé. Malgré cela, la loi de finances pour 2024 a tout de même été promulguée avec les prévisions initiales. Pas étonnant pour l'économiste François Ecalle, passé par Bercy. "J’ai rarement eu l’impression que les gouvernements successifs prenaient en compte les prévisions de leurs propres services. Le ministre aurait pu annoncer que le déficit pour 2023 ne serait pas de 4,9% du PIB, mais de 5,2%, 5,3%, 5,5% du PIB", indique-t-il à Europe 1.
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Un nouveau programme de stabilité
Le nouveau programme de stabilité fixe l'objectif d’un déficit à 2,9% du PIB en 2027. Ce qui implique près de 80 milliards d'économies, voire bien d’avantage, selon l’économiste Mathieu Plane : "On n’atteint les 2,9 points de PIB si on fait 80 milliards d’économies qui n’ont aucun effet sur la croissance. 80 milliards d’économies, ça fait à peu près 80 milliards de PIB en moins, c’est 40 milliards de recettes publiques en moins. Donc si vous voulez atteindre l’objectif, il faut doubler la mise : c’est 160 milliards d’économies. C’est là que vous tombez dans une spirale".
Pour le moment, Bercy n’est pas d’accord avec ce constat et reste persuadé de pouvoir trouver des économies qui ne pèseront pas sur la croissance.