Le repreneur de Whirlpool Amiens placé sous protection du tribunal de commerce

Le site de Whirlpool Amiens avait été repris l'année dernière par un industriel picard.
Le site de Whirlpool Amiens avait été repris l'année dernière par un industriel picard. © AFP
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avec AFP , modifié à
La préfecture de la Somme a annoncé mardi après-midi que le repreneur de Whirlpool Amiens était placé sous protection du tribunal de commerce.

Le repreneur de l'ex-usine Whirlpool d'Amiens, WN, va être placé "sous la protection du tribunal de commerce" d'Amiens en raison d'une "impasse de trésorerie très importante", a annoncé mardi la préfecture de la Somme. WN, qui a repris 162 salariés en mai 2018 sur les 282 que comptait l'usine de sèche-linge, "se trouve dans une impasse de trésorerie très importante qui va la conduire à se placer sous la protection du tribunal de commerce (...) pour assurer la prise en charge des salaires", indique la préfecture dans un communiqué.

"Cette situation critique s'explique par les difficultés de la société WN à concrétiser ses projets industriels innovants en débouchés commerciaux concrets à court ou moyen terme. Le faible chiffre d'affaires généré actuellement ne permet pas à l'entreprise de financer son activité malgré l'importance des efforts financiers consentis" par l'Etat (2,5 millions d'euros) et Whirlpool (7,4 millions d'euros), poursuit la préfecture. Dès le lendemain de la fermeture de l'usine délocalisée à Lodz, en Pologne, le site était repris par l'industriel picard Nicolas Decayeux. Rebaptisée WN, l'entreprise devait se lancer notamment dans la production de casiers réfrigérés connectés et la fabrication de chargeurs de batteries pour vélos et voitures.

Reclasser les salariés et trouver un repreneur 

La préfecture indique qu'à la suite d'une réunion à Bercy le 19 avril "pour faire le point sur la situation de l'entreprise", l'Etat a "financé en urgence un diagnostic financier et stratégique", dont les "conclusions" ont "fait apparaître la nécessité d'une restructuration profonde de l'activité". "La priorité est de reclasser" les salariés de WN, affirme encore la préfecture, qui précise que "des réunions seront organisées dans les prochains jours afin d'identifier les entreprises pouvant avoir un intérêt pour une reprise de l'activité ou des salariés".

"C'est terrible pour les salariés (...) mais on s'y attendait, ça fait un an que cette entreprise existe et il n'y a rien qui sort. Ce que Decayeux a touché par Whirlpool a payé les salaires", a réagi auprès de l'AFP Frédéric Chanterelle, délégué CFDT chez Whirlpool. Selon ce responsable syndical, Nicolas Decayeux a expliqué aux salariés mardi après-midi que "Bercy ne le suivait plus et qu'il était en liquidation judiciaire".

 

Les ex-salariés vont réclamer "l'annulation de la cession" 

L'avocat des ex-salariés de Whirlpool lancera "dans les prochains jours" une action en justice pour réclamer "l'annulation de la cession" de l'usine d'Amiens à WN, qu'il juge "factice" et donc illicite, a-t-il annoncé mardi soir à l'AFP. "Nous avions prévenu que, si le pronostic que nous faisions d'une faillite quelques mois après la cession de cette usine par Whirlpool se réalisait, alors, nous lancerions sans délai des procédures judiciaires pour que les responsables de cette nouvelle catastrophe sociale soient contraints de s'expliquer", a déclaré Fiodor Rilov peu après l'annonce par le repreneur WN de son placement en redressement judiciaire.

"Nous allons aussi (...) demander au conseil de prud'hommes d'Amiens de contraindre Whirlpool à nous communiquer le contrat avec WN, dans lequel Whirlpool" s'engageait à "donner une somme d'argent par salarié repris", a poursuivi Me Rilov. "À quoi a servi le financement de Whirlpool ? Il y a eu un contrat de vente dans lequel le vendeur, Whirlpool, a lui même payé la vente. Souvent, quand le vendeur paye la vente, c'est qu'il y a un problème", a-t-il jugé.