Le Beaujolais Nouveau est arrivé

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avec AFP , modifié à
La cuvée 2015 du Beaujolais Nouveau peut être dégustée à partir de jeudi. Mais ce rendez-vous hédoniste séduit moins.

C’est un rituel immuable : chaque troisième jeudi de novembre, à minuit, la nouvelle cuvée de Beaujolais Nouveau est débouchée, donnant lieu à de nombreuses festivités. Mais l’édition 2015 est hors norme à plus d’un titre : elle est non seulement marquée par les attentats mais aussi par une qualité annoncée comme exceptionnelle. Si bien que le secteur a promis de ne pas mettre en avant cette année un goût, là où chaque cuvée est d’habitude synonyme d’arômes de banane, de mûre ou encore de pamplemousse.

La promesse d’un Beaujolais nouveau "grandissime". Chaque année, le même refrain revient : la cuvée du Beaujolais nouveau est très bonne. Mais promis, le cru 2015 est annoncé comme exceptionnel, d’une qualité comparable à celui de 2009. "On a eu un printemps humide puis un ensoleillement historique en juillet dans le Rhône qui a été le département le plus chaud de France. C'est un millésime historique", assure Jean Bourjade, délégué général de l'interprofession.

Cette année, pas besoin d’annoncer un goût de fruit. Arguant de cette qualité annoncée comme exceptionnelle, les producteurs de Beaujolais nouveau ont décidé de ne pas mettre en avant une saveur, comme c’est devenu la coutume. Exit les goûts de banane, de fraise, de tabac ou encore de fruits rouge : la profession refuse cette année de parler d’un seul goût et promet autant de saveurs qu’il existe d’exploitations. Une manière aussi de mettre fin à un argument marketing qui devenait peu à peu un boulet : "on veut lui redonner une âme, c'est un vin de vignerons, on veut l'associer au terroir", explique Jean Bourjade.

Cru exceptionnel ou pas, le secteur se devait de changer de paradigme : il se vend aujourd'hui deux fois moins de Beaujolais nouveau qu'il y a dix ans. Et une partie des producteurs de la région ont décidé de quitter cette appellation pour se différencier.

Difficile d’organiser des festivités après les attentats. Si la saison semblait bien partie, les producteurs de Beaujolais ont néanmoins du s’adapter au contexte actuel, marqué par les attentats à Paris. Mais à part une soirée au conseil départemental du Rhône, toutes les festivités sont maintenues.

"Le choix de maintenir la fête a été difficile mais il faut continuer à vivre", même si évidemment "la fête n'est pas aussi joyeuse que d'habitude", explique Sébastien Dupré, viticulteur à Saint-Lager, dans le Rhône, et membre des Jeunes Agriculteurs à l'origine d’un événement organisé mercredi soir place des Terreaux à Lyon. Et ce dernier d’ajouter : "ça, c'est notre culture". La soirée n'a pas pour autant ignoré ce qu’il s’est passé à Paris : autour de 21 heures, la fête s'est figée pour une minute de silence et la fanfare du Beaujolais a joué la Marseillaise. Sas oublier la présence de policiers plus nombreux que d'habitude, y compris en civil.