La Société générale dans le cyclone des "Panama Papers"

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Margaux Baralon , modifié à
OFFSHORE - La banque française fait partie de celles mêlées au scandale des Panama papers. Elle avait pourtant promis de ne plus s'implanter dans des paradis fiscaux.

Elles sont 511 à être citées dans les "Panama papers", ces données qui ont permis de mettre au jour de vastes montages financiers illégaux. Les banques ont en effet un rôle crucial dans l'établissement de sociétés offshores, qui permettent dans certains cas de dissimuler de l'argent ou des biens. Et parmi elles, la Société générale figure en bonne place.

979 sociétés offshores. Aux côtés notamment d'HSBC ou UBS, l'établissement français fait partie des dix banques qui, en partenariat avec le cabinet panaméen Mossack Fonseca, ont le plus fait appel à des sociétés offshores pour leurs clients. Au total, 979 entre 1977 et 2015, selon le journal Le Monde, qui a participé à l'enquête sur les "Panama papers". Pour réaliser ces montages financiers, la Société générale est passé par ses filiales en Suisse, au Luxembourg et au Bahamas. "On s'est aperçu que [la banque] administrait des sociétés au Panama, aux Îles Vierges britanniques et aux Seychelles", a détaillé lundi sur RTL Elise Lucet. Cash Investigation, diffusé mardi soir sur France 2, s'intéressera aux personnalités et structures françaises soupçonnées d'être liées à des sociétés offshores.

Promesse faite en 2012. Le problème, c'est que la Société générale avait pourtant promis qu'elle s'était retirée de tous les pays appartenant à la liste grise des paradis fiscaux dressée par l'OCDE, et qui mentionne notamment les Îles Vierges britanniques et les Seychelles. Convoqué devant une commission d'enquête sénatoriale en 2012, Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale, avait assuré avoir "adopté un dispositif strict en matière de présence internationale". La banque "a fermé ses implantations dans les pays qui figuraient sur cette liste grise, mais aussi dans ceux que désignait la liste des Etats non coopératifs, [comme] le Panama", avait-il affirmé à l'époque.

"Nous n'encourageons pas à contrevenir à la loi". Toujours selon Frédéric Oudéa, la Société générale était même allée plus loin en fermant ses implantations "dans les Etats qui ont été qualifiés de centres financiers offshore" à l'instar des Philippines ou de Brunei. "Nous n'encourageons pas nos clients à contrevenir à la loi." Tout juste le directeur général avait-il reconnu que la banque était présente "en Suisse, au Luxembourg et à Jersey", refusant de qualifier ces territoires de paradis fiscaux.

Des structures toujours actives. Il faut croire que ces belles promesses sont restées lettre morte. Certes, "le flux de création de sociétés semble s’être fortement ralenti depuis 2012 et des structures ont été fermées", écrit Le Monde mardi. Mais "une centaine des entités ouvertes par la Société générale chez Mossack restent actives. D’autres ont été transférées à d’autres gestionnaires. Et poursuivent leurs activités ailleurs". Au total, plus de 200 structures offshores ouvertes par la Société générale seraient encore actives à ce jour, selon Cash Investigation.

Pas d'implantation mais des "relations commerciales". Interrogée par Le Monde, la Société générale persiste et signe. Elle a bien "fermé [son] implantation au Panama il y a plusieurs années". En revanche, la banque note que "l'absence d'implantation n'impose pas une absence de relations commerciales ou d'affaires avec des clients ou distributeurs situés dans ces pays", tout en assurant qu'elle respecte "les standards applicables en matière de lutte antiblanchiment". Une profession de foi qui cadre mal avec les résultats de l'enquête du Monde. Le quotidien révèle en effet que la Société générale a fait obstruction, à plusieurs reprises, à des demandes d'informations de la part des autorités de contrôles des Îles Vierges britanniques, en se retranchant derrière le secret bancaire.

Des informations qui n'ont pas manqué de faire réagir Jérôme Kerviel, ancien trader de la Société générale condamné pour avoir fait perdre des milliards d'euros à la banque et toujours embourbé dans un conflit judiciaire avec elle. L'intéressé s'est fendu lundi d'un tweet ironique, souhaitant une "bien belle semaine" à son ancien employeur et à ses avocats.