La fondation Abbé-Pierre alerte sur le mal-logement. Photo d'illustration. 1:32
  • Copié
Elise Denjean, édité par Antoine Terrel , modifié à
Quelque 14% des Français ont rencontré des difficultés à payer leur loyer en 2020, selon un rapport de la Fondation Abbé-Pierre publié mardi. Et la crise sanitaire a aggravé la précarité de nombre d'entre eux, et notamment les jeunes.
REPORTAGE

La Fondation Abbé Pierre dénonce une véritable bombe à retardement. Dans son dernier rapport publié ce mardi, l'association indique que l'an dernier, en pleine crise du coronavirus, 14% des Français ont rencontré des difficultés à payer leur loyer ou à empêcher la dégradation de leur logement. Et les jeunes sont parmi les plus impactés, comme Anissa, une femme de 25 ans, mère de deux enfants, qu'Europe 1 a rencontrée. 

"Depuis un moment, je crache, je me gratte, je tousse… C’est invivable !" Anissa n'a ni le coronavirus, ni un rhume d'hiver. Mais elle vit dans un garage mal isolé aux murs tapissés de moisissures. L''odeur d'humidité y prend à la gorge, et le chauffage n'existe pas. Mais malgré la cuisine de fortune ou la salle de bain vétuste, c'est ça ou être à la rue, dit-elle. 

Pour partir et récupérer ses enfants hébergés chez sa soeur, les 800 euros du RSA ne suffiront pas. La jeune femme doit trouver un travail, mais ça n'a jamais été aussi compliqué. "J'étais vendeuse de vêtements, et malheureusement avec la crise sanitaire, c'est fermé", raconte-t-elle. "Je ne peux pas trouver n'importe quel travail. C'est vraiment compliqué."

"Mes enfants ne méritent pas ça"

Depuis un an et demi, le logement d'Anissa a été reconnu "habitat indigne". Elle n'a donc plus à verser de loyer à son propriétaire, et aurait dû être relogée depuis. Mais ça traîne et la jeune femme commence à perdre espoir. "Ils disent qu'il y a des cas plus graves. Mais laisser des enfants et une femme dans un garage insalubre, avec de l'humidité, ce n'est pas urgent ?", interroge la jeune femme. "Mes enfants sont perturbés, ils ne méritent pas ça. Ils n'ont pas demandé d'être là et de souffrir avec moi."

 Anissa attend désormais des nouvelles de son assistante sociale. Et il y a urgence : d'ici quelques jours, elle va devoir récupérer ses enfants. À la veille, peut-être, d'un nouveau confinement.