La Cour des comptes dénonce les "accords illicites" entre l'aéroport de Beauvais et Ryanair

La gestion de l'aéroport de Beauvais est dans le viseur de la Cour des comptes.
La gestion de l'aéroport de Beauvais est dans le viseur de la Cour des comptes. © PASCAL PAVANI / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon la Cour des comptes, la société exploitant de l'aéroport de Beauvais s'est privée d'environ 85 millions d'euros de produits.

La Cour des comptes étrille la gestion de l'aéroport de Beauvais dans un référé publié lundi, dénonçant en particulier les "accords illicites" conclus avec la compagnie irlandaise Ryanair. 

85 millions d'euros de pertes. Entre les remises commerciales "injustifiées" et les prestations "assurées à perte", la société exploitant de l'aéroport de Beauvais (SAGEB, détenue par la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oise et le groupe Transdev) "s'est privée d'environ 85 millions d'euros de produits, dont 78 millions au bénéfice de la seule compagnie Ryanair", précise la Cour. Ces ristournes "constituent des avantages importants et injustifiés", qui ont été accordés "sans aucune autorisation" de l'entité propriétaire de l'aéroport (SMABT, contrôlé par la région, le département et l'agglomération).

Des prestations au rabais pour la compagnie. Les magistrats contestent d'abord les tarifs des redevances aéroportuaires, "bien moindres" que ceux d'autres aéroports comparables, mais compensés par les recettes de la liaison par autocar avec Paris, exploitée par l'entreprise TPB, filiale de la SAGEB. "Les usagers de la ligne de bus (...) financent donc les services aéroportuaires, à la place des compagnies aériennes", estiment-ils.

La Cour considère par ailleurs que "les activités d'assistance en escale pour le compte des compagnies aériennes sont (...) assurées à perte par la SAGEB", qui conteste cette accusation, mais indique "ne pas tenir de comptabilité commerciale séparée" pour ces prestations.

"L'intention délibérée des parties de déroger" aux tarifs en vigueur. Principal bénéficiaire de ces avantages, Ryanair génère depuis vingt ans plus de 80% du trafic de l'aéroport, mais "seule une télécopie tient lieu de contrat (...) de 2002 à 2012", rendant l'accord "juridiquement fragile" et "préjudiciable" à la SAGEB, qui a concédé au fil des ans des rabais croissants à son principal client. Ces arrangements n'ont fait "l'objet d'aucune notification" à l'État ni à la Commission européenne et "l'analyse des échanges entre Ryanair et la SAGEB démontre l'intention délibérée des parties de déroger" aux tarifs en vigueur.

Plusieurs responsables. Les magistrats déplorent aussi les "lacunes" du SMABT, l'absence de réaction du préfet et les manquements des commissaires aux comptes. Ils demandent enfin à l'État d'"analyser les impacts fiscaux des accords illicites entre la compagnie Ryanair et le gestionnaire de l'aéroport" de Beauvais.