La Bourse de Paris fait face aux tensions politiques grandioses en France
"Une tempête probablement assez grave et des turbulences graves sur les marchés financiers". Voilà contre quoi Michel Barnier a mis en garde ce mardi soir ses opposants qui sont tentés de censurer le gouvernement. Ce mercredi, les français ont été boudés par les investisseurs en raison de la crise politique qui traverse la France.
La Bourse de Paris est en net réponse mercredi, les actifs bleu blanc rouge étant boudés par les investisseurs en raison de la crise politique qui traverse la France, toujours dans le flou sur le budget de l'année 2025. L'indice phare de la Bourse de Paris, le CAC 40, reculait de 73,76 points, soit 1,03%, à 7.121,67 points vers 09H50. Mardi, le CAC 40 avait terminé en baisse de 0,87% à 7.194,51 points, au plus bas depuis le 7 août.
C'est surtout le marché obligatoire qui tient l'attention, l'écart entre les taux d'emprunt français (3,04% vers 09H50) et allemand (2,17%) à échéance dix ans ayant atteint son plus haut niveau depuis fin juillet 2012, signe des craintes croissantes des investisseurs sur le vote du projet de budget et l'avenir du gouvernement. "Les risques restent importants à l'approche de la fin de l'année alors que le budget semble difficile à adopter et que le gouvernement Barnier pourrait tomber", commente Xavier Chapard, stratège de LBP AM.
Des perspectives négatives
Le gouvernement de Michel Barnier souhaite ramener le déficit public de 6,1% du PIB en 2024 à 5% en 2025, puis sous le plafond européen de 3% en 2029, une trajectoire imposée mardi par Bruxelles. Il envisage d'utiliser à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote les budgets de la Sécurité sociale et de l'Etat ainsi que l'exécution budgétaire pour 2024, mais l'utilisation de cet article laissera la porte ouverte à une. motion de censure de la gauche, que le parti d'extrême droite Rassemblement National menace de soutenir.
Sept députés et sept sénateurs vont tenter mercredi en commission mixte paritaire d'aboutir à un compromis sur le budget 2025 de la Sécu. Autre facteur de tension, l'annonce vendredi de la notation de la France par l'agence S&P Global Ratings. Le marché s'attend à ce qu'elle "baisse la perspective de note à négative comme les autres agences", poursuit M.Chapard. En octobre, Moody's et Fitch avaient maintenu la note française en l'assortissant d'une perspective négative.
En dehors de la seule situation intérieure, "les marchés restent fortement guidés au jour le jour par les anticipations de ce que fera l'administration Trump à partir de janvier", poursuit le stratège. "Le retour de la politique commerciale comme moyen de pression dans les négociations internationales renforce la surperformance des actifs américains par rapport à ceux du reste du monde, en particulier ceux de l'Europe", a-t-il ajouté. Par exemple, à Wall Street, le S&P 500 a clôturé sur son cinquante-deuxième record de l'année (+0,57%) mardi. Le Nasdaq a pris 0,63% et le Dow Jones 0,28%. Depuis le 1er janvier, toutes ces places américaines affichent des gains compris entre 19% et 27%, là où le CAC 40 est en réponse de plus de 5%.
Mercredi, les investisseurs se tourneront vers l'indice d'inflation PCE aux Etats-Unis pour le mois d'octobre, considéré comme une référence pour la banque centrale américaine (Fed). Les investisseurs prêteront également attention à la publication aux Etats-Unis "des demandes hebdomadaires d'allocations de chômage, à la deuxième estimation du PIB pour le troisième trimestre et à la lecture préliminaire des commandes de biens durables pour le mois d'octobre", résumé Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank.