L'avion à Hydrogène verra-t-il vraiment le jour ? 1:33
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Baptiste Morin / Crédit photo : AIRBUS / AFP , modifié à
Au Salon du Bourget, l'hydrogène a moins la cote que par le passé. Le rendez-vous de l'aéronautique met à l’honneur les pistes pour décarboner le transport aérien. Et l’avion qui volera à base d’hydrogène n’arrive qu’en dernière position parmi les solutions exposées. L’objectif de 2035 existe toujours mais la filière fait face à des obstacles qui semblent insurmontable, notamment concernant la taille des réservoirs. 

C’est un des espaces phares de ce salon 2023, le Paris Air Lab. Une tente de 1000m² sous laquelle les pistes pour rendre l’avion plus vert sont explicitées. Mais surprise, l'hydrogène est relégué au dernier rang dans cet espace phare du Salon du Bourget. Pendant un temps, ce mode de propulsion était annoncé comme la solution. Fin 2020, Guillaume Faury, le patron d’Airbus, avait secoué toute la filière aéronautique en annonçant un avion à hydrogène d’ici 2035. Mais aujourd'hui, le discours a sensiblement changé.

Une prudence raisonnable

"Aujourd'hui, il y a cette prudence à dire qu'il faut construire les nouveaux avions à hydrogène avant de pouvoir estimer qu'on va être capable de faire un plein avec de l'hydrogène et de décoller", concède Baptiste Voillequin, le directeur recherche et développement du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales. "Mais l’avion à hydrogène reste quand même indispensable dans la feuille de route de la décarbonation car c’est le moyen de passer au zéro émission. Et dès 2027, on aura des démonstrateurs hydrogène sur A380", ajoute-t-il.

Revoir le dessin de l’avion

Le passage à l'hydrogène demande du temps et constitue un défi immense. Il imposerait par exemple de revoir le dessin de l'avion. Jusqu'à présent, le carburant est notamment stocké dans les ailes des appareils. Mais l'hydrogène a besoin de beaucoup plus d'espace pour être stocké. "Il va falloir des réservoirs trois fois plus gros et surtout des réservoirs qui vont être beaucoup plus difficiles à intégrer parce qu'on ne va pas pouvoir mettre des petits réservoirs un peu partout. Donc forcément, on ne pourra pas imaginer juste prendre un aéronef et intégrer ces réservoirs", explique Nicolas Jeuland, expert carburant chez Safran.

Conséquence de ces difficultés à l'automne dernier, le patron d'Airbus a émis de premiers doutes sur l'échéance de 2035.