Hausse du taux de pauvreté en France en 2021, les associations s'inquiètent

Sans-abri - pauvreté
Les associations de solidarité dénoncent depuis des mois la saturation du 115, numéro que les personnes sans-abri peuvent appeler pour trouver un hébergement d'urgence (illustration). © MAEVA DESTOMBES / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP / Crédit photo : MAEVA DESTOMBES / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
L'Insee a annoncé ce mardi que 9,1 millions de personnes se trouvaient en situation de pauvreté monétaire en France en 2021. Durant cette année, le taux de pauvreté a progressé de 0,9 point pour s'établir à 14,5% de la population. Une hausse qui inquiète les associations de lutte contre la précarité.

Le taux de pauvreté a progressé de 0,9 point pour s'établir à 14,5% de la population en France en 2021, une hausse qui inquiète les associations de lutte contre la précarité qui demandent au gouvernement d'agir. En 2021, 9,1 millions de personnes se trouvaient en situation de pauvreté monétaire en France, a annoncé l'Insee mardi. Cela signifie qu'elles disposaient de revenus mensuels inférieurs au seuil de pauvreté, fixé à 60% du revenu médian, soit 1.158 euros pour une personne seule ou 1.737 euros pour un couple.

La crise sanitaire responsable

Le taux de pauvreté a augmenté par rapport à 2020 car les ménages les plus modestes ont été pénalisés par la "non reconduction des aides de solidarité exceptionnelle" mises en place par le gouvernement au plus fort de la crise du Covid en 2020, ainsi que par la hausse de l'inflation. "De nombreuses allocations sont indexées sur l'inflation mais il y a un délai pendant lequel l'inflation est présente sans la revalorisation et au cours duquel les ménages modestes sont pénalisés", a précisé à l'AFP Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'Institut national de la statistique.

L'inflation a progressé, de 0,5% en 2020 à 1,6% en 2021. "La situation est préoccupante, les chiffres pour 2022 risquent d'être pires", a commenté auprès de l'AFP Noam Leandri, président du collectif Alerte qui rassemble 34 associations de lutte contre la pauvreté. "Les gens ont de plus en plus besoin d'hébergement d'urgence ou d'aide alimentaire, cela montre que la situation se dégrade et qu'il faut un geste envers les plus modestes".

Hausse des minima sociaux

Les associations de solidarité dénoncent depuis des mois la saturation du 115, numéro que les personnes sans-abri peuvent appeler pour trouver un hébergement d'urgence. Elles alertent aussi sur l'afflux de demandes d'aide alimentaire, conduisant certaines d'entre elles au bord de la rupture, comme les Restos du Cœur qui ont tiré la sonnette d'alarme en septembre. Face à cette situation, le gouvernement a présenté mi-septembre sa nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté qui doit "répondre à l'urgence sociale" actuelle et "corriger les inégalités structurelles". Petits déjeuners gratuits à l'école, prime de reprise d'activité, places d'hébergement d'urgence conservées : les mesures présentées vont dans le bon sens mais restent très insuffisantes, estiment les acteurs de terrain.

Dans l'immédiat, le collectif Alerte réclame, dans un communiqué, l'augmentation de 200 euros de la prime de Noël pour tous les ménages bénéficiaires ainsi qu'une anticipation au 1er janvier de la revalorisation des minima sociaux et des allocations familiales, qui intervient habituellement en avril. Pour éradiquer la pauvreté, les associations réclament également l'ouverture du RSA aux jeunes dès 18 ans (âge minimal 25 ans aujourd'hui) et la régularisation des étrangers. "En refusant leur régularisation, ce qui les empêche de travailler, ils sont maintenus dans la misère", dénonce Noam Leandri qui s'inquiète aussi d'une éventuelle suppression de l'aide médicale d'Etat (AME).

Inégalités accrues

L'Insee relève également que l'intensité de la pauvreté s'est accentuée en France, passant de 18,7% en 2020 à 20,2% en 2021. Cet indicateur mesure l'écart entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. "Il revient au niveau des années précédentes", a précisé Jean-Luc Tavernier. En ce qui concerne les inégalités, pas "d'explosion" selon lui mais certains indices, en forte hausse, se situent "dans les niveaux les plus élevés atteints ces vingt dernières années". Les ménages les plus aisés ont profité de la reprise de l'activité en 2021, qui s'est accompagnée d'une "hausse des revenus du travail et des dividendes".

Certaines données diffèrent de celles présentées jusqu'à présent par l'Insee, qui estimait notamment que le taux de pauvreté était resté stable en 2020, autour de 14,5%. L'organisme n'exclut pas à présent que ce taux taux ait pu reculer de 14,3% en 2019 à 13,6%. L'évolution entre 2019 et 2020 reste incertaine "du fait des conditions de collecte particulières des enquêtes en 2020", explique l'Insee. L'institut assure toutefois que la France est sortie de la crise sanitaire en 2021 "avec un taux de pauvreté supérieur à celui qu'elle avait lorsqu'elle y est entrée".