Pour Jean-Eudes du Mesnil, "tout le monde" sort "gagnant" de la fin du forfait social 2:44
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Ugo Pascolo , modifié à
Pour Jean-Eudes du Mesnil, directeur de la CPME, la fin du forfait social annoncée par Emmanuel Macron va encourager les patrons des TPE et PME à passer des accords d'intéressement avec leurs salariés.
INTERVIEW

"Il devient plus intéressant pour les chefs d'entreprise de s'engager dans des accords d'intéressement", résume Jean-Eudes du Mesnil. Invité d'Europe 1 Bonjour vendredi, le directeur de la CPME [organisation patronale représentant les petites et moyennes entreprises, ndlr] semble satisfait de la mesure annoncée par Emmanuel Macron lors de son oral face à Jean-Pierre Pernault jeudi sur TF1. Pour le patron des petits patrons, "la fin du forfait social va devenir un outil supplémentaire pour inciter les entreprises à faire des accords d'intéressement". 

Un meilleur partage de la richesse. "Aujourd'hui, seules 16% des entreprises de moins de 50 salariés, et 22% des entreprises entre 50 et 250 salariés ont un accord d'intéressement", détaille Jean-Eudes du Mesnil. Et pour cause, "le forfait social taxe à hauteur de 20% les sommes distribuées aux employés. Et si vous ajoutez à cela la CSG et la CRDS, ça représente un peu moins de 30% des sommes soumis à une taxation". "Concrètement, à partir du 1er janvier 2019,  il va devenir plus intéressant pour les entreprises, comme pour les salariés, d'avoir un accord d'intéressement", ajoute-t-il. "Tout le monde est gagnant". 

Une mesure qui touche l'essentiel du tissu économique français. L'annonce faite par Emmanuel Macron sur TF1, jeudi, doit donc encourager potentiellement 1,2 million d'entreprises françaises à s'engager sur un objectif qui, une fois dépassé, permettra aux salariés de toucher un bonus. "Ca permet de les récompenser, les fidéliser et de leur montrer leur importance", analyse le directeur de la CPME. Et cette mesure concerne "l'essentiel du tissu économique français". "On compte seulement 5.000 entreprises de plus de 250 salariés en France, sur un total de trois millions", détaille-t-il. Donc quand Emmanuel Macron prend une décision sur les PME, elle concerne "une écrasante majorité". 

Un cadeau de 440 millions d'euros. Ce cadeau aux entreprises de moins de 250 salariés fait par Emmanuel Macron à partir du 1er janvier 2019, va coûter environ 440 millions d'euros. Pour autant, on ne sait pas encore comment le gouvernement compte équilibrer cette perte dans son budget. "On espère qu'Emmanuel Macron ne va pas prendre dans une poche ce qu'il nous a donné dans l'autre, ça n'aurait plus aucun intérêt", analyse Jean-Eudes du Mesnil. 

Le forfait social, "l'emblème de ce que ne veulent pas les entreprises"

Mis en place en 2009, le forfait social est "l'emblème de ce que ne veulent pas les entreprises : l'instabilité des textes", explique le directeur de la CPME. "En 2009, les taxes étaient de 2%, mais elles ont rapidement augmenté : dès 2010, le taux était de 4%, puis 6% en 2011". "Et ce n'est pas fini : en 2012 le forfait social a été augmenté à deux reprises. Au 1er janvier, il est passé à 8%, avant de grimper à 20% au premier juillet", ajoute-t-il. "Nous sommes donc passé de de 2 à 20% de taxe en trois ans ! Comment voulez-vous qu'une entreprise se projette dans le temps avec des règles du jeu qui changent tout le temps ?", lance Jean-Eudes du Mesnil.