La banque de France veut lancer un euro numérique.
  • Copié
Nicolas Barré, édité par Séverine Mermilliod
La Banque de France a annoncé son intention de mettre sur pied une "monnaie centrale digitale" dédiée aux transactions très élevées qui pourrait reposer sur la blockchain. Un moyen de contrecarrer les Gafa, selon notre éditorialiste Nicolas Barré.
EDITO

> Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a annoncé le lancement en 2020 d'expérimentations pour développer une "monnaie digitale de banque centrale" dédiée aux transactions aux montants très élevés. Notre éditorialiste Nicolas Barré y voit une volonté de garder la main sur la monnaie face à la concurrence de sociétés privées.

La Banque de France contre Facebook ! Face aux projets de création de monnaies par Facebook, Amazon, JP Morgan ou d’autres, les Etats sont dos au mur et cherchent la parade. C’est une question de souveraineté. Car avec ces cryptomonnaies numériques, nous pourrions voir de grands groupes privés concurrencer les devises traditionnelles comme l’euro. La Chine est le premier pays à s’en être inquiété : la banque centrale chinoise a donc décidé de créer sa propre cryptomonnaie. Et c’est ce que veut faire à son tour la Banque de France, en lançant un euro numérique.

Quelle différence entre euro numérique et euro normal ?

Une monnaie numérique est une unité de compte qui se transmet sur un réseau informatique, d’utilisateur à utilisateur. Les participants au réseau créent des échanges entre eux en-dehors de toute monnaie. Avec un énorme avantage : ces échanges informatiques sont ultra rapides, sécurisés et pas chers. Ils sont aussi totalement anonymes - c’est pour ça que les cryptomonnaies sont aussi utilisées dans des opérations de blanchiment ou de financement du terrorisme. Il existe comme ça des centaines de cryptomonnaies car au fond, rien n’empêche plusieurs utilisateurs de se mettre d'accord et de créer leur propre réseau pour s’échanger entre eux une monnaie virtuelle. D’où la menace pour les monnaies traditionnelles.

Donc en créant un euro numérique, la Banque de France fabrique en fait un concurrent à ces cryptomonnaies, pour tuer dans l’œuf les initiatives telles que celle de Facebook. Le message est clair : la monnaie doit rester dans la main des États. Pas question de laisser des groupes privés s’en emparer. Cette bataille ne fait que commencer.