EDITO - "Pour les entreprises, il n’y a pas que le profit dans la vie, il y a la raison d’être"

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Nicolas Barré
Depuis la loi Pacte, les entreprises sont invitées à définir leur raison d’être. Au-delà de l’opération de com’, c’est un changement profond de philosophie, et c’est une bonne nouvelle juge notre éditorialiste Nicolas Barré.

>>> Les entreprises ont-elles pour seule raison d’être de faire du profit ? De plus en plus de patrons et de salariés pensent que non. Et c’est une petite révolution, assure notre éditorialiste Nicolas Barré.

La loi Pacte adoptée au printemps invite les entreprises qui le souhaitent à définir leur "raison d’être". Alors il est tentant de n’y voir qu’une opération de com’. C’est d’ailleurs ce que pensent une majorité de salariés, selon un sondage Ifop réalisé pour le cabinet No Com, Tikehau et l’Essec. Mais ce que révèle ce sondage et qui est plus important, car cela montre une évolution profonde de la société, c’est que 75% des salariés jugent important que leur entreprise se fixe sa propre raison d’être et 77% estiment que l’entreprise a un rôle à jouer dans la société, au-delà de sa pure activité économique. Autrement dit, il n’y a pas que le profit dans la vie. Il y a l’utilité sociale, l’environnement et un certain nombre de valeurs qui vont au-delà de la logique monétaire.

L’entreprise, d’ailleurs, est moins stigmatisée que les politiques ou les syndicats

Oui, sa légitimité est beaucoup plus forte. Après tout, les entreprises françaises créent 1.000 emplois par jour, ce n’est pas rien. Et le patronat a compris qu’il y avait des bénéfices à tirer de la prise en compte de l’intérêt général dans l’activité des entreprises : c’est la clé, par exemple, pour attirer de jeunes diplômés qui veulent travailler dans des entreprises qui n’ont pas comme seul et unique moteur la maximisation du profit. Pour donner envie, l’entreprise doit montrer qu’elle est capable de s’engager, par exemple pour lutter contre le dérèglement climatique. Mais attention, les salariés, c’est aussi ce que montre notre sondage, ne pardonnent pas si ces engagements ne débouchent pas sur du concret. Les beaux discours, c’est bien, les preuves, c’est mieux.