Drame du harcèlement professionnel chez un concessionnaire Dacia

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Photographie d'illustration © FABRICE COFFRINI/ AFP
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François Coulon et , modifié à
Un salarié du groupe Renault Dacia s’est suicidé samedi sur son lieu de travail et  a filmé son geste. Il accuse sa direction.

Il ne supportait plus la pression et accusait sa direction de harcèlement. Sebastien, commercial pour la concession Dacia d’Evreux, dans l’Eure, s’est suicidé samedi en se pendant sur son lieu de travail. Un geste désespéré qu’il a commis devant une caméra, à côté d’une lettre de deux pages dans laquelle il pointait du doigt  son directeur.

Retrouvé pendu dans l’entreprise. C’est sa femme qui est à l’origine de cette macabre découverte. Ne voyant pas son mari revenir du travail, samedi en milieu de journée, cette dernière s’est rendu sur place et a découvert le corps sans vie de Sébastien. Ce père de famille de 45 ans avait pris le soin de filmer son geste et de laisser une lettre pour expliquer son geste. Avec une accusation claire visant sa direction et plus particulièrement son directeur, arrivé en janvier. Ce dernier, nommé par le nouveau propriétaire de la concession, exigeait des résultats à tout prix et mettait une pression inédite sur ses équipes. Résultat, en six mois, cinq commerciaux sur onze ont démissionné, avant qu’un autre ne se suicide.

"Il ne supportait plus ce harcèlement". Le nouveau directeur "les rabaissait sans arrêt en disant qu’ils étaient incompétents, qu’ils n’avaient pas leur place ici, qu’il fallait qu’ils s’en aillent. Mon mari recevait des mails à 23 heures du soir, c’était constamment, constamment, constamment", témoigne son épouse, Sandrine, au micro d’Europe 1.

"Il ne le supportait plus. Il me disait : ‘ je n’en peux plus’", poursuit-elle, avant de demander des comptes : "j’en veux au directeur. Il m’a pris mon mari donc je veux qu’il y ait une justice. Je vais porter plainte, pour l’honneur de mon mari je ne  peux pas en rester là. Se pendre… c’est horrible. Il était à bout, il ne supportait plus ce harcèlement". 

Le directeur accusé d’être sans concession. "Tout le monde travaille plus ou moins avec la peur au ventre. C’était marche ou crève", assure son épouse, avant de s’attarder sur un cas qui a marqué l’entreprise : "si on est capable de dire à une fille qu’on licencie – et qui est célibataire avec trois enfants – ‘madame, ça c’est pas mon problème, j’en ai rien à foutre’... C’est moche".

Si Sébastien a filmé sa pendaison sur son lieu de travail, ce serait donc pour qu’il n’y ait pas le moindre doute sur l'élément déclencheur de son geste : son directeur. "Le fait qu’il se soit filmé, je pense que c’est un message fort qu’il a laissé. Pour lui, dans sa tête, on ne peut pas laisser un tyran comme ça à la tête d’une entreprise". Et le quotidien régional Paris Normandie d’ajouter un détail accablant : alerté par un de ses salariés de la macabre découverte, le directeur ne se serait pas déplacé le jour même. Sous le choc, la centaine de salariés du site a décidé d’organiser une marche blanche mercredi après-midi.