Douze BD à lire au plus vite, conseils de libraires !

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9E ART - A l’occasion du Festival d’Angoulême, Europe 1  a demandé à plusieurs libraires spécialisés les BD qu’ils conseillent de lire. 

La bande-dessinée est à l’honneur pendant un week-end à l’occasion du festival d’Angoulême, qui se tient du 29 janvier au 1er février. Mais ce rendez-vous du neuvième art peut parfois être frustrant puisqu’il y est souvent question de BD qui ne sortiront que dans les prochains mois. Pour éviter toute frustration et trouver de quoi se mettre sous la dent en attendant, Europe 1  a demandé à quatre librairies spécialisées quels étaient leurs derniers coups de coeur. BD, manga, BD-reportage : voici douze ouvrages pour tenir jusqu’à la fin de l’hiver.

Les conseils de lecture de La réserve à Bulles.

58, rue des trois frères Barthélémy, 13006 Marseille
Site internet

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La maison de l’architecte polonais et de la femme algérienne restée au pays (Jacques Bablon et Edith Chambon, éditions Actes Sud BD)

L’histoire. Stanislas Kosinski, architecte polonais tourné vers la modernité, pas fana du béton mais prodigue en surfaces vitrées, persuadé que la lumière du jour a quelque chose à voir avec le bonheur, avait conçu, avant de mourir, de quoi abriter sa femme algérienne et ses six enfants. Sauf que cette dernière est repartie au pays sans prévenir, obligeant les six enfants à apprendre à cohabiter.

Pourquoi un tel choix ? "Edith Chambon, qui est une jeune dessinatrice, propose une BD originale à la fois dans le choix du sujet et la narration, très intéressant graphiquement. On suit une dizaine de personnages gravitant autour d’une maison conceptuelle qui vieillit mal, avec un contraste entre des enfants très typés algériens et d’autres aux cheveux blonds. Il s’agit d’un roman graphique édité par Actes Sud, dont le rayon BD est limité mais hyper pointu."

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Les spectateurs (Victor Hussenot, éditions Gallimard Bande Dessinée)

L’histoire. Quinze histoires racontées par un personnage différent et autant d'anecdotes relatant impressions et émotions au coeur de la ville... Ces spectateurs contemplent la vie comme on assiste à une pièce de théâtre, dans laquelle les lieux, le temps et la mémoire incarneraient les premiers rôles.

Pourquoi un tel choix ? "C’est une déambulation urbaine dont l’histoire est compliquée à résumer. Mais quand on l’ouvre, on est tout de suite attiré par le dessin, l’auteur a réalisé une grande performance graphique. Il s’agit d’une BD qui était d’abord paru chez un éditeur anglais et qui vient d’être traduite".

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La paresse du panda (Fred Bernard, éditions Casterman)

L’histoire. Après La patience du tigre, dernier épisode des aventures de Jeanne Picquigny, nous retrouvons nos aventuriers à l'automne 1925, aux confins de l'Himalaya, en quête d'immortalité. Forts de leur nouvelle expérience mystique, nos amis n'en sont pas moins poursuivis par quelques Allemands illuminés et décident de prendre la fuite pour rejoindre la Chine...

Pourquoi un tel choix ? "Depuis plusieurs ouvrages, Fred Bernard nous propose de suivre les aventures de son héroïne, l’exploratrice Jeanne Picquigny. On est à la limite entre les 19e et 20e siècles et cette fille d’un paléontologue part à la découverte de plusieurs pays. L’auteur est très connu dans la littérature jeunesse, mais surtout en tant qu’auteur. Cette fois-ci, il dessine aussi et propose un style assez lâché. On se laisse facilement porter par le récit".

Les conseils de lecture de La Mystérieuse Librairie nantaise

2, rue de la paix, 44000 Nantes
Site internet

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Ghost Money (Bertail Dominique et Smolderen Thierry, éditions Dargaud)

L’histoire. "Cette série axée sur l’argent et la spéculation lors des attentats du 11 septembre raconte la traque du banquier d’Al-Qaïda, surnommée la Dame de Dubaï, et de son trésor. Ghost Money fait échos à de nombreuses questions et incompréhensions du public".

Pourquoi un tel choix ? "Il s’agit du cinquième et dernier tome. Ce n’est pas le genre de série vers laquelle je me tourne naturellement mais je me suis fait avoir. Car si cette BD se veut traditionnelle sur le plan graphique, l’auteur a su y ajouter une touche moderne, notamment grâce à une mise en page originale".

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Les Vieux fourneaux (Paul Cauuet et WilfridLupano, éditions Dargaud)

L’histoire. "Les personnages sont tous issus d’un village qui a vécu grâce à une entreprise pharmaceutique, sauf qu’un jour il s’est passé quelque chose…" Les Vieux Fourneaux raconte les aventures de trois septuagénaires, amis depuis leur plus tendre enfance : Antoine, Emile et Pierrot. Chacun a suivi sa route, chacun a fait ses choix, chacun a fondé (ou pas) une famille. Séquelles, souvenirs, fragments de vies (presque) passées. Les Vieux Fourneaux, à travers d’incessants va-et-vient entre les années cinquante et les années 2010, raconte sur un mode tragi-comique notre époque, ses bouleversements sociaux, politiques et culturels, ses périodes de crise.

Pourquoi un tel choix ? "Cette BD propose une approche graphique assez classique mais avec un humour terrible, très proche de celui d’Audiard. C’est engagé, de gauche, voire anarchiste. Une des plus belles surprises de ces deux dernières années. Cette série fait partie des ouvrages qui ont permis à un public qui ne lisait pas de BD d’y venir et le retour des lecteurs est très bon".

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Sunny (Taiyou Matsumoto, éditions Kana)

L’histoire. "Nous sommes au Japon à la fin des années 1960, au début des années 1970, à l’époque où beaucoup de gens émigrent et partent travailler à la ville, sauf qu’ils ne peuvent pas tous emmener leurs enfants. Les plus en difficulté sont hébergés dans une maison. Chaque album raconte cinq histoires et met en avant un enfant".

Pourquoi un tel choix ? "C’est très sensible et touchant mais destiné à un public plutôt adulte. Le lecteur n’a pas toutes les références culturelles du Japon mais il y a de petites annotations qui permettent d’avoir assez d’informations. Cette série montre que le manga peut être plus diversifié que la BD franco-belge".

Les conseils de lecture de Planètes Interdites

5, rue de l’aiguillerie, 34000 MONTPELLIER
Site Internet

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Le sculpteur (Scott McCloud, éditions Rue de Sèvres)

L’histoire. "On suit le parcours d’un sculpteur new-yorkais qui n’arrive plus à créer et se retrouve face à la peur de la page blanche. Il conclut donc un pacte avec la Mort : il lui reste 200 jours à vivre mais en échange il acquiert la capacité à modeler toutes les matières avec ses mains, qu’il s’agisse du béton, de l’acier ou de la chair. Sauf qu’entre-temps il trouve l’amour…"

Pourquoi un tel choix ? "Cette réflexion sur la création est la première fiction de Scott McCloud, qui s’est déjà illustré pour son histoire de la BD en BD (L’Art invisible). Et c’est extraordinaire, un bijou de narration avec un style épuré : on n’a pas l’occasion de décrocher, le rythme est impressionnant, avec notamment des planches sans aucune narration. C’est une manière de mettre en application ce qu’il expliquait dans L’Art Invisible".

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Trees (Warren Ellis et Jason Howard, éditions Urban Comics)

L’histoire. "Cela fait une dizaine d’années que des espèces de grands monolithes noirs se sont posés sur Terre et il ne se passe rien depuis. L’humanité s’y est habituée et continue à vivre. L’histoire débute au moment où il commence à se passer des choses. On suit plusieurs personnages à travers le monde : un Chinois de la campagne qui débarque en ville, une scientifique en mission dans l’Arctique, un mafieux italien, etc."

Pourquoi un tel choix ? "C’est une histoire d’extra-terrestres qui ne parle pas d’extra-terrestres.  Le dessin, relativement simple, joue beaucoup sur les ombres, avec des dominantes de couleur selon l’endroit où on est. Trees vaut vraiment le coup d’œil."

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Cher pays de notre enfance. Enquête sur les années de plomb de la Ve République (Etienne Davodeau, Benoît Collombat et Roberto Scarpinato, éditions Futuropolis)

L’histoire. "Une enquête journalistique sur les années de plomb, menée par le dessinateur Etienne Davodeau et le journaliste Benoît Collombat. On est dans les années 1960-1970, avec le service d’action civique (SAC, une milice gaulliste) et les affaires qui ont été cachées ou étouffées"

Pourquoi un tel choix ? "C’est l’occasion de découvrir la BD reportage, puisqu’on suit les auteurs de ville en ville, en train de potasser des archives, de rechercher des témoins. Et, pour une fois, le dessinateur a participé à l’enquête et la met en scène. Cette BD fait appel à pas mal de connaissances mais la narration n’est pas lourde. Quant au style, il est épuré, simple mais terriblement efficace."

Les conseils de lecture de Super Héros

175, rue Saint Martin, 75003 Paris
Site Internet

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Alcibiade (Rémi Farnos, éditions Joie de Lire)

L’histoire. "Dans un univers un peu médiéval, peuplé de personnages mythologiques, on suit un gamin qui cherche un grand sage censé lui révéler son destin. Un destin qu’il va en fait accomplir pour arriver jusqu’à cet homme".

Pourquoi un tel choix ? "C’est une quête initiatique, une réflexion sur le destin avec une mise en page où on ne suit pas les cases, de gauche à droite, mais le chemin du personnage. L’auteur s’en sert pour proposer de grandes illustrations. C’est très beau et pour tous les publics."

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L’été diabolik (Alexandre Clerisse et Thierry Smolderen, éditions Dargaud)

L’histoire. "On suit les aventures d’Antoine, un adolescent, en pleine vacances d’été. Ce dernier va tenter toutes les expériences possibles et se retrouver mêlé à une lutte entre espions, le tout en pleine Guerre froide avec des agents doubles, voire triples."

Pourquoi un tel choix ? "C’est un livre de genre comme il existe des films de genre, avec une ambiance aussi prégnante que la narration. Cette BD est réalisée dans un style Atome, vraiment marqué année 1950, avec une ligne claire mais un peu explosée et une esthétique très pop et colorée. Vous entrez dedans et vous ne pouvez plus vous arrêter."

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Dérangés (Violaine Leroy, éditions La Pastèque)

L’histoire. "Il s’agit d’un récit choral : on suit trois personnages - un gardien de musée, une jeune fille et un retraité - chacun ayant un chapitre à sa gloire. Le lien entre ces trois personnages ? Tous trois ont un rapport maniaque ou destructeur vis-à-vis de l’art. La société les trouve fous alors que ces trois personnages n’ont pas de lien jusqu’à l’avant-dernière page."

Pourquoi un tel choix ? "Violaine Leroy propose un dessin au crayon bluffant, d’une maniaquerie qui fait penser à ses personnages. D’ailleurs, tous sont liés par un danseur qui revient entre chaque chapitre et restera énigmatique. Dérangés peut résonner aujourd’hui, avec ces personnages qu’on trouve fous mais on s’aperçoit que tout dépend de là où l’on met le curseur."