Dépassée, la LMDE passe le relais à la Sécu

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Gabriel Vedrenne avec AFP , modifié à
SANTÉ - La couverture santé de base des étudiants qui y sont affiliés sera bientôt gérée par la Sécurité sociale.

Mal gérée, accumulant les retards, fustigée par les étudiants, placée sous sauvegarde de justice, La Mutuelle des Etudiants (LMDE) ne pouvait plus s’occuper de la couverture santé des étudiants. Comme pressenti, elle a donc transféré une partie de ses missions à la Sécurité sociale. La Caisse nationale d'assurance maladie a confirmé jeudi qu’elle allait prendre en charge la couverture santé de base des 920.000 étudiants affiliés à partir du 1er octobre, avec la promesse de remboursements rapides.

C’est quoi la LMDE ? La LMDE est l’une des onze mutuelles étudiantes qui opèrent en France. Ces dernières remplissent une double fonction : elles font office de mutuelles mais gèrent aussi la Sécurité sociale des étudiants. Chargées d’une mission de service public, les mutuelles étudiantes ont donc un rôle stratégique : c’est par leur intermédiaire que les étudiants s'inscrivent à la Sécurité sociale et ont accès au remboursement de base. Ces derniers peuvent, ensuite, y souscrire une complémentaire santé.

Une mutuelle décriée. Salariés et gestionnaires estiment que la LMDE n’a pas disposé de fonds propres suffisants dès sa création en 2000 : à leurs yeux, faute d’argent, la LMDE était condamnée à accumuler les dettes. Mais ce manque de financement initial n’explique pas tout, la LMDE ayant été brocardée pour sa gestion à de nombreuses reprises. Ce qui n’était pas vraiment une première pour cette mutuelle née sur les cendres de la MNEF, liquidée en 2000 après de nombreuses dérives et qui servit de caisse noire pour la jeune garde du parti socialiste.

La mutuelle n’a visiblement pas tiré assez d’enseignements de ce passé trouble. En 2012, l’UFC Que Choisir pointait de sérieuses lacunes : tarifs plus élevés que la moyenne, délais de remboursement de plus en plus longs, cartes vitales adressées tardivement, etc. La même année, un rapport du Sénat enfonçait le clou en dénonçant un manque de transparence, des frais de gestion excessifs et une qualité de service insuffisante. Un constat corroboré par la Cour des comptes, qui publiait en 2013 un rapport au vitriol sur les mutuelles étudiantes, dont la LMDE. Un sombre tableau noirci un peu plus par un rapport de la Cour des comptes rendu public en mai 2015.

Lestée d’une dette d’environ 35 millions d’euros, la LMDE a été placée sous sauvegarde de justice par le tribunal de grande instance de Créteil en février 2015. Et pour permettre aux étudiants de se soigner et d’être remboursés, la Sécurité sociale a accepté de récupérer la prise en charge de la couverture santé de base.

Que change le transfert à la Sécurité sociale du régime de base ? Nicolas Revel, directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnamts), a promis "une prise en charge plus simple, plus rapide et plus efficace" à compter du 1er octobre 2015. L'Assurance maladie s'engage ainsi à une procédure d'inscription des étudiants sans rupture de droits et à rembourser les soins en moins de 7 jours avec la carte Vitale.

Elle garantira aussi l'accès au compte "Ameli" sur internet et appli mobile, des réponses par email en moins de 48 heures, un numéro de téléphone dédié aux affiliés de la LMDE, 2.100 points d'accueil, une gestion nationale pour faciliter la mobilité des étudiants ainsi que la commande rapide d'une carte européenne pour ceux qui traversent les frontières. Enfin, la Cnam va mettre en place une cellule de conciliation pour tenter de purger tous les contentieux accumulés par le LMDE, y compris pour les réclamations antérieures au 1er octobre 2015.

Quel avenir pour la LMDE ? Il est pour l’instant incertain. La mutuelle ne gère plus le régime de base des étudiants et ne s’occupe plus que de son offre de complémentaire santé, qui est elle-même à vendre. En attendant un repreneur, la LMDE va surtout se concentrer sur deux missions : démarcher de nouveaux adhérents sur les campus universitaires et s’occuper de leur inscription, ainsi que mener des actions de prévention (maladies sexuellement transmissibles, addictions, etc.).