Démissionnaire, Pascal Pavageau tire à boulets rouges sur les cadres de FO

Pascal Pavageau a démissionné mardi du secrétariat général de FO. Et s'en est violemment pris à ses "camarades".
Pascal Pavageau a démissionné mardi du secrétariat général de FO. Et s'en est violemment pris à ses "camarades". © ERIC PIERMONT / AFP
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Le secrétaire général de FO a claqué la porte mardi. Dans une longue lettre assassine, il fustige ses "camarades", les accusant de mener une véritable "cabale" contre lui.

Rares sont les démissions aussi fracassantes. Mardi matin, dans une longue missive adressée aux instances dirigeantes et aux militants de Force Ouvrière, Pascal Pavageau, désormais ex-secrétaire général du syndicat, s'en prend très violemment à certains de ses "camarades". Selon lui, des cadres de l'organisation, mal intentionnés, ont cherché à "arrêter la mise en place d'un audit sur l'état des finances internes". Ils auraient également mal vécu que le secrétaire général cherche "à mettre plus de transparence, plus de transversalité et plus de démocratie dans [les] instances internes". Des frustrations personnelles qui expliqueraient la "cabale" menée contre le leader démissionnaire.

Poussé à la démission. Pascal Pavageau, qui avait remplacé Jean-Claude Mailly en avril dernier, a été poussé vers la sortie après dix jours de vives polémiques. Le soir du 9 octobre, dans son édition datée du lendemain, Le Canard Enchaîné avait en effet révélé que plusieurs cadres de FO étaient fichés dans un mémo interne, qui les affublait de qualificatifs peu flatteurs ("niais", "bêtes", "complètement dingue") ou relatifs à leur vie privée ("franc-maçon" ou des indications sur leur orientation sexuelle). Mémo établi par des proches de Pascal Pavageau lorsque celui-ci se positionnait pour prendre la tête de l'organisation syndicale, en 2016.

Tout ce petit monde ne cherche pas uniquement à ce que des têtes tombent, mais pousse à ce que notre organisation cesse de bouger.

Des "agissements intéressés". Si le leader syndical ne s'est pas relevé de l'affaire, il tient à rappeler dans sa lettre de démission que ces documents, "certes stupides et déplacés", étaient "confidentiels" et ont été volés "dans le bureau de la responsable du personnel". Et, tout en présentant "sincèrement [ses] excuses", l'ancien secrétaire général en profite pour expliquer que la fuite du document a été orchestrée par certains responsables du syndicat frustrés "parce que je me suis refusé de nourrir leurs ambitions personnelles". "Tout ce petit monde ne cherche pas uniquement à ce que des têtes tombent, mais poussent aussi par leurs agissements intéressés à ce que notre organisation cesse de bouger et que certains tiroirs ne soient jamais ouverts."

Des cadres responsables d'attaques personnelles. Sans jamais nommer personne, Pascal Pavageau dénonce certains cadres qui ne voulaient pas de son "cabinet" (composé d'une directrice, d'un chef, d'un responsable des ressources humaines, d'une attachée de presse et d'une chargée des relations institutionnelles). Il reproche à des secrétaires confédéraux d'avoir "intimidé" certains salariés de son équipe "en forçant à résidence dans son bureau une des personnes licenciées" et en intervenant dans les négociations financières liées au départ de quatre employés. L'ancien leader de FO fustige également les attaques contre sa directrice de cabinet, qui était aussi sa compagne, et dont plusieurs personnes lui auraient demandé de se séparer.

Je rends le mandat parce que j'y suis contraint face à la violence et à la haine de certains.

Enfin, il se justifie longuement sur l'embauche de son fils aîné au sein de la Fédération de l'Equipement, de l'Environnement, des Transports et des Services, effectuée selon lui dans les règles et sans intervention de sa part, ainsi que sur l'hébergement temporaire chez lui, dans son appartement de fonction, de ce même enfant. S'il s'aventure ainsi à parler de sa vie privée, c'est que Pascal Pavageau estime (révélant cela au passage au grand public) avoir été attaqué sur ces sujets également par certains de ses "camarades".

"Un militant, pas un martyr". "Soyez fiers du mal que vous m'avez fait ainsi qu'à l'organisation en choisissant de faire passer vos intérêts personnels, votre petit pouvoir ou votre aigreur avant tout", écrit l'ex-secrétaire général. "Je rends le mandat parce que j'y suis contraint face à la violence et à la haine de certains qui exigent de moi des sacrifices que personne ne devrait avoir à faire : vivre à genoux, une laisse autour du cou, sans plus aucune ambition pour FO et en me séparant de ceux que j'aime. Je suis un militant, pas un martyr."

Le "parlement" du syndicat convoqué les 21 et 22 novembre. 

La direction de Force ouvrière a convoqué mardi son "parlement" à une réunion extraordinaire les 21 et 22 novembre pour "décider de la suite" à donner à la démission de Pascal Pavageau, a-t-elle annoncé dans un communiqué.
Selon deux hauts dirigeants de FO, un successeur à Pascal Pavageau sera élu lors de cette réunion du Parlement (le comité confédéral national) du syndicat.