Dans le Chablis, on vendange en urgence pour sauver le cru 2015

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Théo Maneval et , modifié à
Les violentes intempéries, et notamment la grêle, ont détruit une bonne partie de la récolte. Les viticulteurs se dépêchent de sauver ce qui peut l’être.

Les viticulteurs ont toujours été dépendants de la météo pour fixer la date du début des vendanges. Mais cette année dans le Chablis, dans l’Yonne, le climat ne laisse aucun choix aux professionnels : la grêle a détruit mercredi une bonne partie de la récolte. Quant au reste des raisins, les viticulteurs doivent se dépêcher de les ramasser avant qu’ils ne pourrissent.

Un violent orage de grêle a "mâché" les vignes. La saison des vendanges a été bouleversée par un épisode orageux d’une violence rare. Dans la nuit de lundi à mardi, la grêle s’est abattue sur un "couloir" allant d'Irancy à Chablis. La grêle a touché un secteur "très localisé", souligne un des responsables du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) à Chablis, Louis Moreau. "C'est une minorité du vignoble qui est touchée, soit 10 à 15%, mais malheureusement, sur le Chablis, c'est la belle partie avec les Grands crus et quelques premiers crus", ajoute-t-il.

"A 1h30, de gros grêlons sont tombés pendant près de dix minutes, avec beaucoup d'eau", raconte Frédéric Gueguen, qui gère 23 hectares de vignes. Propriétaire du domaine Vaugerlain à Courgis, Eugénie Alves assure qu’il est tombé "75 millimètres de pluie" en quelques heures.

Après un été chaud et sec, les viticulteurs, comme Concepcion Georges à Courgis, "pleuraient" l'eau. "Mais c'est au-delà de ce qu'on espérait et, à une semaine de la cueillette, on ne peut rien faire. C'est trop tard pour que ça cicatrise", déplore-t-elle, partagée entre émotion et colère en voyant "dix mois de travail" réduits à néant. "On ne sait pas ce qui va pouvoir être sauvé. Je ne suis pas sûre d'avoir une demi-récolte alors que tout était sain", se désole-t-elle.

Vendanger en urgence. Dans tout le secteur, le mot d’ordre est simple : il faut récolter ce qui peut l’être avant que le raisin ne tourne. Encore faut-il trouver les bras pour, ce qui n’est pas facile, comme en témoigne Lyne Marchive pour Europe 1. "J’ai attrapé mon téléphone tout de suite et j’ai contacté tous les gens que je connais en disant 'il faut absolument que je trouve du monde d’urgence parce que si on ne coupe pas tout de suite, ça sera catastrophique. Je n’aurai même pas une bouteille de Grand cru des clos 2015 à présenter à ma clientèle'", raconte la dirigeante du domaine des Malandes.

"J’ai dit au secours, je suis dans la galère et il y en a un qui m’a dit : ‘ne vous inquiétez pas, je vous trouve une équipe tout de suite’. Dans les deux heures il m’a trouvé dix personnes", poursuit-elle. Résultat, les vendanges ont débuté dès mercredi matin avec une équipe de 25 personnes pour vendanger à la main les 10 hectares de la parcelle Grand cru des clos.

"Il y aura beaucoup de tri". "Ce qu’il reste, ça ne va pas faire grand-chose mais le peu qu’on en tirera, il faudra que ce soit très bon", prévient Lyne Marchive. Pour y arriver, il n’y a pas dix mille solutions : "il y aura beaucoup de tri, beaucoup de précaution en cuverie et en vinification", détaille Guillaume Michel, gérant des 25 hectares du domaine familial à Chablis.

Une nouvelle donne qui afflige les vendangeurs. "C’est triste. On travaille toute l’année pour cela et au dernier moment, presque la moitié est par terre. Si vous voyiez les raisins, ce n’est pas beau : c’est tout abimé. C’est la catastrophe", se lamente Luciano. Mais ce sera encore pire pour les domaines qui n’ont pas trouvé de vendangeur d’ici le week-end. D’ici là, le raison va continuer à s’oxyder et sera probablement bon pour aller à la poubelle.