Comment sont calculés les prix des voitures de collection ?

Les Citroën DS font toujours rêver les Français.
Les Citroën DS font toujours rêver les Français. © ERIC FEFERBERG / AFP
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Clément Lesaffre , modifié à
Le salon Rétromobile, dédié aux voitures de collection, s'installe à Paris à partir de mercredi. Que l'on parle d'une Fiat 500 ou d'une Ferrari Testarossa, les prix obéissent à une même logique.

Les voitures anciennes ont la cote. De la Ford Mustang au Combi Volkswagen en passant par la mythique 2CV, on compterait plus de 800.000 véhicules de collection sur les routes françaises. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, ce n'est pas un loisir réservé aux plus aisés. Certains modèles sont accessibles aux simples amateurs de vieilles voitures qui ne souhaitent pas se ruiner. De quelques milliers d'euros pour les véhicules "populaires" jusqu'à plusieurs millions pour les bolides de luxe, les prix sont soumis à des critères bien précis.

Les ventes aux enchères. Pour fixer le prix d'une voiture de collection, les ventes aux enchères sont un indicateur fiable. Il y a des cotes de référence, comme celle éditée chaque année par La Vie de l'auto (LVA) qui recense plus de 3.500 véhicules vendus en 2016. Au total, elle fournit des cotes pour 11.000 automobiles. "C'est une excellente base pour réaliser nos expertises", assure Frédéric Dubois, référent national des voitures de collection chez Classic Expert. "Le seul bémol? c'est que ce sont des éditions annuelles, donc il y a un décalage avec l'année en cours".

Ces cotes de référence sont fondées sur deux catégorie de facteurs. "Il y a les éléments tangibles comme le modèle, la motorisation, l'état du véhicule, la rareté, le kilométrage, etc.", détaille Frédéric Dubois. "Et puis il y a la demande des collectionneurs", particulièrement visible lors des ventes aux enchères. Toutes les voitures anciennes ne sont pas recherchées. À partir des cotes de ventes aux enchères, les réseaux d'expertises ajustent leurs estimations.

Les remontées "du milieu". "Chez Classic Expert, on regarde les petites annonces pour se faire une idée du marché. On s'appuie également sur un réseau national d'experts qui voient passer des voitures tous les jours", précise le spécialiste des véhicules de collection. Enfin, il faut être "du milieu", participer à des rassemblements, des festivals, des salons pour "sentir" les tendances. Car c'est durant ces événements que se concluent des ventes sans intermédiaires - et donc non référencées - grâce au bouche-à-oreille.

Les restaurations éventuelles. Les restaurations ont également un rôle crucial dans le prix. Ce n'est pas parce qu'une voiture ancienne est comme neuve qu'elle vaut forcément plus cher. "La conformité du véhicule est très importante. Si les sièges ou la transmission sont d'origine, la voiture aura une valeur supérieure à un modèle identique dont les sièges auraient été changés", explique Frédéric Dubois. Les restaurations sont encadrées par la Charte de Turin, un texte qui protège la valeur des automobiles historiques.

L'origine française ou non. Comme dans d'autres secteurs, le made in France a la cote. "Les vieilles voitures fabriquées en France et encore en circulation sont rares", note l'expert. "On trouve beaucoup plus de véhicules produits aux États-Unis ou en Angleterre. Donc, dès qu'une voiture a été assemblée en France, sa valeur grimpe."

Les anciens conducteurs, réels ou fantasmés. Il faut également prendre en compte… les personnalités historiques qui se seraient installées derrière le volant. "C'est un élément complètement subjectif. La valeur associée au pilote, à la star ou à l'homme politique qui aurait conduit telle ou telle voiture est difficilement calculable", reconnaît Frédéric Dubois. Encore faut-il arriver à prouver qu'une célébrité a pris place dans votre véhicule. "Si vous saviez le nombre de DS que De Gaulle a 'conduit' dans sa vie...", rit ce passionné.

Les effets des placements financiers. Il ne faut pas oublier que les voitures de collection sont des placements sûrs. Résultat, des investisseurs achètent des vieilles voitures pour mettre leur capital au chaud. "Ces cinq dernières années, les prix des voitures anciennes ont flambé, notamment parce qu'elles sont devenues des valeurs refuges. Du coup, les prix des Porsche 911, par exemple, ont grimpé. Idem pour les 2CV et les DS", détaille Frédéric Dubois. De tels placements influencent le marché des voitures de collection dans sa globalité.

Qu'est-ce qu'une voiture de collection ?

Aux yeux de la loi, est considéré comme "véhicule de collection" tout modèle de plus de 30 ans dont la production a cessé. Ces véhicules bénéficient d'une immatriculation spécifique et ne peuvent être considérés comme techniquement non réparables en cas d'accident. Un véhicule de collection ne peut donc pas finir à la casse. Il existe toutefois des exceptions à la règle des 30 ans, selon Frédéric Dubois. "La Peugeot 205 GTI de 1990 est très demandée par les amateurs et peut donc être considérée comme une voiture de collection".

40.000 euros en moyenne. En moyenne, le prix d'un véhicule de collection atteint "40.000 euros", explique Frédéric Dubois. Une moyenne qui tient à de nombreuses ventes de voitures "populaires" et à quelques ventes prestigieuses. "Il y en a pour toutes les bourses. Certains achètent des voitures parce qu'elles ont une valeur affective, d'autres parce qu’ils en ont rêvé étant enfant. Chacun peut trouver son bonheur". Le titre de championne des voitures de collection les plus recherchées est actuellement détenu par la mythique Fiat 500. Vous pouvez offrir une "caisse à savon" en très bon état pour 6.000 euros. À peine plus chère, la 2CV attise toujours autant la nostalgie des Français, tout comme la Coccinelle.