Chômage : comment expliquer ce recul en septembre ?

pole emploi chomage 1280x640
© PHILIPPE HUGUEN / AFP
  • Copié
Olivier Samain et avec AFP , modifié à
La baisse de 0,7% sur le mois de septembre semble la traduction d'un regain de l'économie française.

Il y a eu en septembre 23.800 demandeurs d'emploi en moins par rapport au mois d'août. Avec ce recul de 0,7%, le chômage enregistre sa plus forte baisse depuis novembre 2007 quand la crise économique avait débuté. Si le chômage de longue durée et celui des seniors résistent, celui des jeunes recule. Mais ce n'est pas la seule explication de ce bon résultat.

Optimisme et interim. Cette baisse semble bien provenir des signaux positifs qui s'enchaînent depuis l'été. Les chefs d'entreprise croient de nouveau en l'avenir. Selon un sondage réalisé en septembre, 45% des patrons se disaient optimistes, soit une hausse de 11 points par rapport à avril. La hausse pour le quatrième trimestre consécutif des déclarations d'embauche de plus d'un mois en est l'illustration.

Les chiffres de l'interim ont, eux, connu leur meilleur mois de l'année 2015 avec une augmentation des embauches de 6,1%. Cela représentent 30.000 emplois supplémentaires dans des secteurs aussi divers que le commerce, le transport ou encore l'industrie. Seul le bâtiment parvient tout juste à freiner sa chute.

Un recul sur quatre mois... Du côté du ministère du Travail, Myriam El Khomri, qui avait inauguré ses fonctions, le mois dernier avec une hausse de 20.000 chômeurs, estime ces chiffres "satisfaisants". Puisque les comparaisons de mois à mois sont souvent délicates à manier, elle retient surtout que, pour la première fois depuis début 2011, le nombre de chômeurs recule sur quatre mois de 0,1%. La ministre se réjouit aussi de la forte baisse du chômage des jeunes. Il a reculé de 2,6% en septembre, soit le quatrième mois consécutif de baisse.

chomage pole emploi 1280x640

… mais deux points noirs. Le panorama de ces chiffres de septembre n'est cependant pas tout rose. "On observe une cristallisation du chômage de deux catégories de populations : les seniors et les chômeurs de longue durée", note Denis Ferrand, du COE-Rexecode. La situation des seniors qui s'est stabilisée en septembre avec une hausse du chômage de 0,1%, reste très dégradée sur un an avec une hausse de 8,5%.

Quant au chômage de longue durée, il continue de s'étendre avec, fin septembre, 2,43 millions de demandeurs d'emploi en plus, soit une hausse de 1% sur le mois.

Des raisons d'y croire ? Les chiffres de septembre sont meilleurs sauf si on intègre les demandeurs d'emploi ayant exercé une petite activité. Avec eux, le chômage reste à des niveaux records, soit 5,42 millions chômeurs. Mais, paradoxalement, ces activités réduites peuvent être le signe d'une reprise de l'économie française, à en croire Eric Heyer, économiste à l'OFCE : "c'est le signe qu'avec l'amélioration de l'activité, les chefs d'entreprise utilisent dans un premier temps des emplois précaires. C'est peut-être les prémices de la guérison". Selon lui, "on observe clairement une stabilisation du chômage, qui devrait se traduire par une baisse début ou mi-2016".

L'Unédic, qui gère l'assurance chômage, fait le même pronostic. Selon l'organisme, 51.000 chômeurs quitteront la catégorie A (sans aucune activité) des listes de Pôle emploi en 2016.

Pas de bug technique. Cette baisse de  -0,7% est bien la plus forte depuis 2007 mais seulement si on met de côté l'accident d'août 2013. Le chômage avait ce mois-ci reculé mais de façon artificielle. En cause, un bug du côté de SFR qui avait empêché de relancer des centaines de milliers de chômeurs afin qu'ils réactualisent leur situation.