Ce qu'il faut savoir sur Alim'confiance, le site qui classe les restos et supermarchés selon leur niveau d'hygiène

Sur le site Internet Alim'confiance, les établissements de la chaîne alimentaire obtiennent une note en fonction du résultat des derniers contrôles d'hygiène.
Sur le site Internet Alim'confiance, les établissements de la chaîne alimentaire obtiennent une note en fonction du résultat des derniers contrôles d'hygiène. © AFP
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Clémence Olivier , modifié à
L'Etat s'est basé sur les contrôles d'hygiènes effectués dans les établissements de la chaîne alimentaire pour établir des notes, de "très satisfaisant" à "à corriger de manière urgente".

Votre petit restaurant de quartier est-il irréprochable ? Les conditions d'hygiène sont-elles bien respectées chez le boucher du coin et dans la cantine de votre enfant ? Depuis lundi, les Français peuvent découvrir sur Internet si un restaurant, un supermarché, une boulangerie ou encore une cantine respecte les conditions d'hygiène imposées au niveau national.

Sur le site Internet Alim'confiance et sur l'application pour smartphone du même nom, les établissements de la chaîne alimentaire sont étiquetés d'un smiley bleu souriant ou grimaçant, en fonction du résultat des derniers contrôles d'hygiène effectués par le ministère de l'Agriculture. Les objectifs, selon une responsable du ministère : "valoriser les établissements qui travaillent bien", "répondre à la demande des consommateurs", et globalement, "améliorer le niveau global d'hygiène dans tout le pays".

  • Quels sont les établissement concernés ?

Tous les établissements qui interviennent dans la chaîne alimentaire sont concernés, soit environ 400.000 établissements français, nous précise le ministère de l'Agriculture : les restaurants, les commerces de bouche, les cantines, les marchés, les ventes à la ferme mais aussi les abattoirs. Au total, les résultats des contrôles sanitaires réalisés dans 55.000 établissements français seront affichés.

Toutefois, dans un premier temps, seuls les résultats de 1.000 à 1.500 adresses, qui correspondent aux contrôles sanitaires effectués en mars, sont publiés dès lundi.

En 2016, 35% des contrôles ont été effectués dans l'industrie agroalimentaire (abattoirs ou sites de transformation), 25% dans les restaurants, 22% dans les cantines et 18% dans les commerces, boucheries de quartier, rayon marée dans un hypermarché ou vente au détail dans une exploitation agricole.

  • Comment sont établies les notes ?

Les notes sont établies par les inspecteurs de l'hygiène DGCCRF qui effectuent des contrôles chaque année et classent les établissements en fonction de leur niveau de risque. Le niveau "très satisfaisant" est attribué aux établissements conformes ou qui ne présentent que des "non-conformités mineures", précise le ministre de l'Agriculture sur son site. Cela peut être par exemple un lave-main qui n'est pas conforme, un couvercle de poubelle qui est endommagé, l'eau chaude qui ne fonctionne pas dans les sanitaires du personnel… "Tout ce qui n'entre pas dans la composition d'un produit", précise le ministère de l'Agriculture.

Le niveau "satisfaisant" concerne les restaurants, abattoirs ou commerces de bouche présentant quelques éléments à corriger, mais rien ne "justifiant des mesures de police administrative". Les restaurants qui ont été mis en demeure par l'inspection de l'hygiène de mettre en place des mesures spécifiques sont classés dans le niveau "à améliorer". C'est le cas par exemple du restaurant Le Latin Saint-André, à Paris. "Ils nous ont dit que des travaux étaient nécessaires dans notre cave qui n'est pas située au niveau des cuisines, où ils ont trouvé des trous de souris. Ils nous ont demandé de les boucher", explique le directeur de l'établissement Bernard Habibi. "Sur le reste il n'y a rien à reprocher, je pourrais faire visiter mon établissement à n'importe qui ", assure-t-il.

En fait, seuls les établissements étiquetés "à corriger de manière urgente" peuvent mettre en danger la santé du consommateur. Ce niveau induit un risque pour la santé publique et nécessite une fermeture d'urgence de l'établissement, précise le ministère de l'Agriculture.

Les restos et commerces concernés sont peu nombreux. Sur un an, seulement 1% des établissements contrôlés ont été jugés insalubres et ont dû être fermés, soit 550 sur 55.000, selon les résultats des contrôles d'hygiène menés en 2016. Quelque 9% (soit environ 5.000) ont reçu la notation "à améliorer". "Tous les autres étaient soit satisfaisants, soit très satisfaisants", indique le ministère.

  • Cette liste est-elle exhaustive ?

Tous les restaurants ne sont pas contrôlés chaque année. Les contrôles d'hygiène sont aléatoires et  peuvent varier en fonction du type de produits proposés aux consommateurs. "Un restaurant qui vend des produits périssables sera davantage contrôlé qu'un établissement qui propose des boîtes de conserve", précise ainsi le ministère.

"Nous avons reçu la visite d'un inspecteur il y a dix jours, après un premier contrôle à l'ouverture en 2013", explique Sophie Koumchatzky à Europe1.fr, gérante du restaurant Les Gamines à Paris, qui a obtenu la note "très satisfaisante". "L'inspecteur vérifie les procédures mises en place, l'accueil, la réception, la production, les installations le matériel", explique la gérante.

  • Pour combien de temps les notes sont-elles données ?

Ces notes seront consultables par le consommateur pendant un an après le contrôle sanitaire. "Cette temporalité a été déterminée après une période expérimentale. Elle correspond à un délai raisonnable pour effectuer les changements à apporter", souligne le ministère de l'Agriculture.

  • Est-ce nouveau ?

La France n'est pas le premier pays à mettre en place ce dispositif. Ce type de mesures de transparence a déjà été pris dans huit pays européens, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Belgique, en Irlande, au Danemark, en Finlande, en Lituanie et en Norvège. Le ministère de l'Agriculture assure que dans ces pays, une amélioration du niveau sanitaire des établissements a été constatée après la mise en place de ce dispositif.

Les restaurateurs de Paris et d'Avignon ont également expérimenté la mesure depuis juillet 2015.

  • Pourquoi la mesure ne plait-elle pas à tout le monde ?

Certains restaurateurs ne goûtent pas ce dispositif. Hubert Jan, l'un des responsables du principal syndicat professionnel du secteur, l'Umih, assure que la mesure peut avoir un effet "anxiogène"."Si le stockage, la manutention de la nourriture, la formation des personnels sont parfaits, une simple dalle de carrelage fendue peut justifier le passage de la mention 'très satisfaisant' à 'satisfaisant' comme l'ont montré les expérimentations menées à Paris et Avignon, dit-il. "Ce qui me gène, c'est la notation", pointe Bernard Habibi, directeur du restaurant Le Latin Saint-André, qui propose de la cuisine française. "Il faudrait une autre formulation car certains consommateurs vont ne voir que les éléments négatifs".

La gérante du restaurant les Gamines, qui propose une carte limitée avec des produits frais, est plus nuancée  : "Cela nécessite que les restaurateurs qui ont obtenu une note moins bonne soient contrôlés de nouveau rapidement, afin qu'ils puissent montrer leur bonne volonté et les changements qui ont été apportés", explique-t-elle. Plus globalement, elle trouve le dispositif intéressant. Elle compte même s'en servir pour faire la preuve de la bonne qualité de son restaurant en téléchargeant le logo qui correspondant à sa note comme le propose le ministère de l'Agriculture. "Je vais afficher le logo en vitrine", ajoute-t-elle. "Même si cela semble normal de respecter les règles d'hygiène".