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avec AFP , modifié à
Selon un décompte, le CAC 40 cumule déjà près de 73 milliards de bénéfices au premier semestre grâce notamment au luxe et à la flambée des matières premières. Les grands groupes français se sont donc largement remis de la pandémie de Covid-19 et ont continué à croître malgré le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Rien n'arrête la croissance des grandes entreprises françaises : malgré la guerre en Ukraine et l'inflation record, le CAC 40 cumule déjà près de 73 milliards de bénéfices au premier semestre selon un décompte réalisé jeudi par l'AFP, grâce notamment au luxe et à la flambée des matières premières. Pour l'heure, 38 entreprises du CAC 40, l'indice qui rassemble les plus importantes capitalisations boursières françaises de différents secteurs, ont publié leurs résultats, le constructeur ferroviaire Alstom et le spécialiste des spiritueux Pernod Ricard ayant un exercice financier décalé.

+24% par rapport au premier semestre 2021

Cela représente une hausse de 24% par rapport au premier semestre 2021, où ces mêmes entreprises avaient réalisé 58,8 milliards de bénéfices, alors qu'Eurofins Scientific n'était pas encore dans le CAC 40. Les grands groupes français se sont donc largement remis de la pandémie de Covid-19 et ont continué à croître malgré le déclenchement de la guerre en Ukraine fin février, qui a encore accentué l'inflation liée à la reprise économique après les confinements.

De quoi rendre "fier" le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, défavorable à une taxe sur les bénéfices exceptionnels, qui a été retoquée in fine après un débat au Parlement. "C'est assez ambivalent car tous les ingrédients pour une crise étaient réunis (...) pour autant la performance est bonne", commente auprès de l'AFP Bénédicte Hautefort, fondatrice de la fintech Scalens, spécialisée dans la numérisation des relations entre sociétés cotées et investisseurs.

Les matières premières et le luxe en tête

L'inflation n'a pas touché tout le monde de la même manière. Du côté des matières premières et de l'énergie par exemple, la flambée des prix a dopé les entreprises du secteur. Le géant pétrolier et gazier TotalEnergies a plus que doublé son bénéfice au deuxième trimestre et a réalisé le meilleur résultat net du CAC 40 sur le semestre, avec plus de 10,4 milliards d'euros. Il est suivi par le numéro deux mondial de la sidérurgie ArcelorMittal, qui a profité de la hausse des prix de l'acier et a atteint près de huit milliards d'euros.

Engie, le principal fournisseur de gaz en France, a quant à lui plus que doublé son bénéfice, à cinq milliards d'euros. Autre poids lourd du CAC 40, le luxe s'est lui aussi démarqué malgré un ralentissement des ventes en Chine, l'un de ses principaux marchés, car les marques ont pu monter les prix sans perdre leur clientèle. "Ils dépendent d'une clientèle aisée qui n'est pas dérangée par les hausses de prix", déclare à l'AFP Mimoza Bogeska, directrice générale de la société de gestion Monocle Asset Management.

"Ils ont aussi profité du renforcement du dollar par rapport à l'euro car leurs coûts de production sont en euros et ils vendent beaucoup en dollars", ajoute-t-elle. LVMH, Kering et L'Oréal ont ainsi vu leurs bénéfices cumulés grimper de plus de 36% par rapport au premier semestre 2021, avec des marges confortables.

Une bonne performance due en partie par la réductions des coûts

Pour Bénédicte Hautefort, la bonne performance générale du CAC 40 s'explique aussi par les plans de réductions des coûts adoptés pour faire face à la pandémie de Covid-19, qui continuent à porter leurs fruits en 2022. Certains groupes ont tout de même subi l'onde de choc de la guerre en Ukraine, comme Renault et Société Générale qui se sont retirés de Russie après le déclenchement du conflit. Renault a vendu sa participation dans le constructeur Avtovaz, qui fabrique notamment les Lada, et Société Générale la sienne dans la banque Rosbank, occasionnant des charges de plusieurs milliards d'euros.

"Le plus dur est devant nous", soutient Bénédicte Hautefort, qui estime que le contexte économique devrait peser sur les entreprises au second semestre. Avec l'inflation et la hausse des taux directeurs des banques centrales, qui renchérissent le coût du crédit et rendent donc plus difficiles les nouveaux financements, certains acteurs économiques s'attendent même à une récession de l'économie mondiale.

Preuve de la méfiance des investisseurs, l'indice boursier CAC 40 a perdu environ 10% depuis le début de l'année, malgré un mois de juillet très positif avec la publication des résultats. "Depuis un certain temps toutes les valorisations montaient, mais les marchés sont rattrapés par les fondamentaux. Les valorisations restent néanmoins élevées", assure Mme Bogeska.