Bridgestone 1:19
  • Copié
Lionel Gougelot, édité par Manon Bernard
L'entreprise japonaise, fabricante de pneus, a annoncé la fermeture de son usine de Béthune, jeudi. Bridgestone a ainsi balayé d'un revers de main le plan de sauvetage dans lequel les autorités publiques avaient prévu d'investir des millions d'euros et de sauver les deux tiers des emplois des 863 salariés de l'usine. Elle promet des reclassements, mais sur place, le scepticisme domine.
REPORTAGE

La décision de Bridgestone paraît incompréhensible. Le groupe japonais implanté à Béthune rejette le plan de sauvetage que les pouvoirs publics avaient préparé. Ce plan prévoyait des millions d'euros d'investissement et le maintien des deux tiers des emplois des 863 salariés de l'usine. La direction a estimé qu'il n'y a pas d'autre solution que la fermeture pour un site déficitaire. Bien que Bridgestone assure avoir préparé d'autres projets, les salariés rencontrés sur place sont très sceptiques. 

"On a encore une lueur d'espoir"

Des projets de reprise, une réindustrialisation du site et le reclassement du personnel. Voilà pour l'heure les engagements de Bridgestone qui restent flous et n'offrent aucunes garanties pour l'emploi. Pour les salariés, traumatisés par la fermeture brutale de leur usine, la parole du géant japonais n'a plus vraiment de valeur. "Ça commence à être difficile de croire en la parole de Bridgestone après tout ça", commente l'un des salariés. Un second ouvrier, plus optimiste, rétorque : "On va dire qu'on a encore une lueur d'espoir pour ça". "Faut pas faire rêver les gens non plus... Et maintenant, il faut du concret pour les salariés qui vont être laissés sur le carreau", ajoute un dernier. 

Favoriser l'implantation d'un concurrent sur le territoire

Bridgestone se serait même engagé à favoriser l'implantation sur le site de l'un de ses concurrents, fabricant de pneumatique. Une proposition qui fait sourire Olivier Gacquerre, le maire de Béthune. "J'ai passé l'âge de la naïveté. Pensez-vous vraiment que Bridgestone va faire rentrer un de ses concurrents, qui plus est un nouvel entrant asiatique sur le territoire ? Je n'en suis pas convaincu. Donc ce que je leur ai dit en conclusion : faites nous le plus gros chèque possible et, nous allons aussi, de notre côté, chercher des solutions pour les salariés". 

Il reste alors une colère qu'il va falloir contenir mais "ce sera difficile", confie un responsable syndical, "malgré les promesses, il y a un vrai désespoir parmi les salariés".