Le marché de la voiture d'occasion se porte bien. Photo d'illustration. 2:51
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Aurélien Fleurot, édité par Antoine Terrel
Selon le baromètre annuel Kantar-Aramisauto, deux tiers des Français envisageant d'acheter une voiture choisiront un modèle d'occasion. Et alors que le marché explose, c'est tout une filière qui est en train de se structurer. 
DÉCRYPTAGE

Alors que le secteur automobile traverse une période compliquée, entre fermetures d'usines l'an dernier et pénurie de semi-conducteurs cette année, le marché de la voiture d'occasion, lui, se porte très bien et son poids est de plus en plus important par rapport au marché du neuf. Et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Selon le baromètre annuel Kantar-Aramisauto qu'Europe 1 dévoile mercredi, deux tiers des Français qui envisagent d'acheter une voiture se porteront plutôt sur une seconde main récente que sur un véhicule neuf.

En 2020, alors que les ventes de voitures neuves dégringolaient de plus de 13%, celles des voitures d'occasion se maintenaient à -4%, selon les chiffres de AAA Data, expert de la donnée augmentée. Soit 5,6 millions de transactions et un ratio, très regardé par les professionnels, qui penche de plus en plus en faveur des voitures d'occasion, avec 3,4 ventes pour une vente dans le neuf, selon la plateforme Autoscout24.

L'importance du facteur pouvoir d'achat

Mais comment l'expliquer ? Il y a d'abord un effet pouvoir d'achat. C'est ce qui ressort notamment du baromètre annuel Kantar / Aramisauto sur "les Français et l'automobile". Pour une personne sur quatre, c'est de la prudence, avec le fait de faire le choix de ne pas trop dépenser en ce moment. Et beaucoup se sont reportés vers les occasions récentes, comme le souligne Guillaume Limare, directeur marketing d'Aramisauto. "On a vu la voiture d'occasion récente, c'est-à-dire moins de 3 ans, entre 30.000 et 40.000 kilomètres, être très prisée par les clients", indique-t-il.

Le prix reste l'argument numéro un lors de l'achat d'une voiture. Et il y a de bonnes affaires, même sur des véhicules très récents. Selon les modèles, les prix peuvent baisser de 20 à 40% pour des voitures de moins d'un an, précise Aramisauto. 

Une filière en train de se structurer 

Le marché de l'occasion devient donc de plus en plus crucial dans le secteur automobile. Tout le monde veut être présent, et tous les constructeurs ont leur label de vente dédié : Spoticar pour les marques de Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel...), Renault Occasions, "Das Welt Auto" pour le groupe Volkswagen ou encore Hyundai Promise.

Les spécialistes de l'occasion, eux, se renforcent. Aramisauto, par exemple, prépare son entrée en bourse pour s'étendre en Europe. Enfin, les nouveaux venus se multiplient, comme AutoHero ou CarNext qui investissent dans des campagnes de marketing massives, tandis que même des sites comme CDiscount s'y mettent. Toujours selon le baromètre Kantar/Aramisauto, pour 86% des Français, la voiture d’occasion reconditionnée permet d’accéder au meilleur rapport qualité-prix.

Le reconditionnement est la clé de voûte du développement

C'est l'aspect le plus spectaculaire de cette nouvelle tendance : la construction d'usines de reconditionnement des voitures, pour remettre en état des véhicules pour les vendre "comme neuf". Des projets d'envergure se mettent en place comme celui du groupe Renault à Flins, dans les Yvelines, qui deviendra d'ici 2024 un site axé sur l'économie circulaire, avec l'ambition à terme de générer un milliard d'euros par an.

Plusieurs grands groupes de concessions automobiles viennent de lancer leur usine, comme Emil Frey France à Ingrandes, dans la Vienne. Pour Europe 1, Vincent Hancart, directeur général d'Autoscout24 France, observe une "professionnalisation du secteur, avec des entreprises qui investissent dans des infrastructures beaucoup plus importantes". "Cela passe par le reconditionnement systématique des véhicules", ajoute-t-il.

Preuve que cela fonctionne et que cela crée de l'emploi, Aramisauto - l'un des pionniers du reconditionnement - a commencé avec une dizaine de salariés dans son usine de Donzères, dans la Drôme, et l'entreprise compte désormais plus de 130 salariés. Le groupe Aramis, dont le chiffre d'affaires a augmenté de 12% en 2020, prévoit 150 embauches cette année. 

Des enjeux financiers immenses

Au niveau européen, le marché des voitures d'occasion est estimé à 600 milliards d'euros, précise Alexandru Marin, vice-président du groupe Auto1, leader du marché de l'occasion sur le continent, qui vient de lancer un nouveau site 100% en ligne, AutoHero. 

Selon lui, acheter sur Internet, de manière simple et en toute confiance, est la formule la plus adaptée pour être réactif aux nouvelles demandes des clients. "Il y a beaucoup de demandes pour des voitures récentes, bien équipées et qui respectent les normes environnementales. Les gens se tournent aussi de plus en plus vers les voitures électriques et hybrides", explique-t-il. L'électrique n'est pour l'instant que 2% du marché de l'occasion, mais cela va forcément augmenter, puisque que cela représente désormais presque 8% des ventes de voitures neuves, selon les derniers chiffres du 1er trimestre 2021 de AAA Data.