Assurance chômage : selon l'OFCE, la dégressivité des allocations "n'est pas efficace"

La dégressivité des allocations est une mesure phare prônée par la droite. Selon l'OFCE, elle pourrait "ralentir le retour à l'emploi". Image d'illustration.
La dégressivité des allocations est une mesure phare prônée par la droite. Selon l'OFCE, elle pourrait "ralentir le retour à l'emploi". Image d'illustration. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
La dégressivité des allocations est pourtant une mesure phare prônée par la droite. Selon l'OFCE, elle pourrait même "ralentir le retour à l'emploi". 

La dégressivité des allocations chômage, prônée par les candidats à la primaire de droite, n'est "ni nécessaire, ni efficace", car elle pourrait "ralentir le retour à l'emploi" et serait "sans effet" sur les comptes de l'assurance chômage, selon une étude de l'OFCE publiée mercredi.

Un contre argument pour la droite. La dégressivité "est une mesure délicate car ayant pour effet principal de taxer les chômeurs de longue durée, sans garantir le redressement des comptes de l'Unédic ni celui des comportements de reprise d'emploi", avertit Bruno Coquet, de l'Observatoire français des conjonctures économiques. Ce chercheur rappelle que "la seule évaluation empirique d'allocations dégressives", mises en place dans les années 1990 et abandonnées en 2001, "ne plaide pas" en faveur de cette réforme proposée par les principaux candidats à la primaire de droite (François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire...).

Les chômeurs de longue durée impactés. Le taux de retour à l'emploi est ainsi "devenu plus faible après l'introduction de l'Allocation unique dégressive (AUD)" en 1992, souligne l'OFCE. Elle n'a par ailleurs "que marginalement contribué à résorber le déficit de l'Unédic", l'augmentation des recettes étant essentiellement due à "la hausse du taux de cotisations". "Ne changeant pas le niveau d'emploi à court terme", la dégressivité aurait "des effets massifs sur les revenus des chômeurs indemnisés" en touchant principalement "les chômeurs de longue durée qui sont peu employables (non-qualifiés, seniors)".

L'Unédic pas si "généreuse". Bruno Coquet réfute l'argument de la "générosité" de l'Unédic, soulignant qu'en France (qui se situe "dans la moyenne européenne"), "les droits effectifs sont assez éloignés des droits théoriques: par exemple 60% des chômeurs n'obtiennent pas la durée maximale de 24 mois". Il rejette également "l'indolence prêtée aux chômeurs". Parmi les demandeurs d'emploi qui sortent des listes, "les chômeurs indemnisés sont plus nombreux" à retourner vers l'emploi, et ce "d'autant plus qu'ils sont bien indemnisés", fait-il valoir.

Une alternative à la dégressivité. "Les chômeurs sont actifs dans leur recherche d'emploi et peu sélectifs à l'égard des offres", ce qui démontre que "l'aléa moral est faible", argue-t-il. En outre, "les emplois vacants qui ne sont pas pourvus par les chômeurs indemnisés ne le sont pas non plus par les non-indemnisés". Pour l'OFCE, il existe une alternative à la dégressivité: "lier automatiquement la durée potentielle des droits au taux de chômage observé (droits longs quand le chômage est élevé, courts quand il est faible et que des emplois sont disponibles)".