General Electric Belfort
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Arthur Helmbacher, édité par Margaux Baralon , modifié à
Le géant américain va supprimer 1.044 emplois en France, dont 792 sur son site de Belfort. Entre tristesse et colère, les salariés ont confié leurs inquiétudes à Europe 1.

Une personne sur quatre. C'est tout bête, et c'est terrible. Sur le site General Electric de Belfort, 792 postes vont être supprimés, a annoncé le géant américain mardi. Et ce, dans le cadre d'un plan de suppression de plus de 1.000 emplois dans toute la France.

"Je ressens de la honte, du mépris. J'ai la haine"

"Je bosse ici depuis 38 ans", tempête Arnaud, ouvrier sur les turbines à gaz, ces bobines qui constituent le composant essentiel des centrales électriques et qui sont fabriquées sur le site bourguignon. "Aujourd'hui j'ai 50 ans, encore un crédit sur le dos. Je vais me retrouver au chômage et trimer encore pendant dix ans, douze ans, jusqu'à ma retraite. Je ressens de la honte, du mépris. J'ai la haine."

Il y a cinq ans, GE promettait 1.000 créations de postes en France. Du vent, mais rien d'étonnant, selon un cadre "très triste" plus qu'en colère : "Ils sont fer de lance dans tout ce système ultra-capitaliste qui ne tient pas compte de l'être humain. Il n'y a pas de sentiment. C'est difficile pour nous. On va trouver autre chose. Si je fais partie des gens qui sont remerciés... bah... je ferai autre chose."

"Que les gens fassent grève, défendent leur bifteck !"

Francis Fontana, du syndicat SUD, dénonce de son côté un "massacre industriel". "Je pense que la tristesse est due au fait qu'il y a un savoir-faire, un site industriel exceptionnel, très rare, qu'on ne retrouve pas beaucoup ailleurs, ni en France ni dans le monde. GE vient casser tout ça. C'est très triste pour tous les Belfortains. Belfort s'est construit autour de ce site. Il faut qu'on se batte, on n'est pas prêt à le laisser mourir."

Et il n'y a pas que sur le site de Belfort que l'inquiétude règne. Car selon les élus locaux, il faudra compter au moins 1.000 suppressions de postes supplémentaires chez les sous-traitants de GE. "C'est lamentable", se désole l'un d'entre eux, Lionel. "Ces gros pourris, là... ça ne leur fait rien que des gens se retrouvent sur le tapis." Comme Francis Fontana, il appelle à une mobilisation massive. "Il faut une révolution pour les faire bouger ces saloperies ? Il ne faut pas rester comme ça, baisser son froc et attendre que ça se passe. Que les gens fassent grève, défendent leur bifteck ! Il faut montrer notre mécontentement. Si on ne bouge pas, on est cuits."