Approvisionnement en électricité : le gouvernement demande des mesures à EDF

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Le gouvernement a demandé vendredi à EDF de prendre des mesures pour améliorer la sécurité d'approvisionnement en électricité © John MACDOUGALL / AFP
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avec AFP , modifié à
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a demandé à EDF de prendre "toutes les mesures pertinentes pour renforcer à court terme la sécurité d'approvisionnement" après l'arrêt de plusieurs réacteurs. "Nous mobilisons depuis plusieurs mois, avec un renforcement depuis hier, toutes nos ressources et nos collaborateurs pour assurer la fourniture d'électricité à nos clients aux mois de janvier et de février 2022", a réagi une porte-parole d'EDF.

Le gouvernement a demandé vendredi à EDF de prendre des mesures pour améliorer la sécurité d'approvisionnement en électricité, après l'arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires, faisant craindre des tensions cet hiver. La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a demandé à EDF de prendre "toutes les mesures pertinentes pour renforcer à court terme la sécurité d'approvisionnement, ainsi que de mener un audit indépendant sur la maîtrise industrielle et l’optimisation des arrêts de réacteurs, afin de renforcer la disponibilité du parc nucléaire français à moyen terme", a indiqué le ministère dans un communiqué.

EDF se "mobilise"

"Nous mobilisons depuis plusieurs mois, avec un renforcement depuis hier, toutes nos ressources et nos collaborateurs pour assurer la fourniture d'électricité à nos clients aux mois de janvier et de février 2022", a réagi une porte-parole d'EDF.

Le groupe avait annoncé mercredi soir avoir décidé d'arrêter les deux réacteurs nucléaires de Chooz, dans les Ardennes, "par mesure de précaution", et de prolonger l'arrêt des deux réacteurs de la centrale de Civaux dans la Vienne, après la détection de défauts à proximité de soudures des tuyauteries du circuit d'injection de sécurité de celle-ci.

Avec ces quatre réacteurs, les plus puissants du parc, la France comptera au total ce week-end 16 réacteurs arrêtés sur 56. Avant même la révélation de ces problèmes, le gestionnaire du réseau électrique RTE prévoyait un hiver sous "vigilance particulière" pour la France, qui dépend à près de 70% du nucléaire pour produire son électricité. La crise sanitaire a en effet bousculé le calendrier de maintenance des réacteurs.

Barbara Pompili, qui a reçu le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy vendredi, lui a donc demandé "de mettre en œuvre tous les moyens pertinents pour accroître la disponibilité des moyens de production d'EDF".

Bonne disponibilité du parc hydraulique

RTE a estimé vendredi que la sécurité d'approvisionnement était "bien assurée la semaine prochaine" et doit mettre à jour vers la fin de l'année ses prévisions pour janvier. Outre le recours à l'importation des pays voisins, plusieurs leviers restent aussi mobilisables, de l'arrêt de la consommation d'industriels gros consommateurs d'électricité à une légère baisse de la tension sur le réseau.

EDF indiquait aussi jeudi avoir effectué "des réoptimisations du planning d'arrêt nucléaire" et pouvoir également "compter sur une bonne disponibilité du parc hydraulique". La ministre a par ailleurs "demandé à l'entreprise de mener un audit indépendant sur la maitrise industrielle des arrêts de réacteurs", avec un point d'étape attendu avant mi-mars, a fait savoir le ministère. Le gouvernement avait déjà regretté l'arrêt de 30% du parc nucléaire français à fin novembre. La ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher avait suggéré de "relever notre niveau d'exigence pour la disponibilité du parc", estimant que "nous pouvons collectivement faire mieux".

La décision surprise d'EDF d'arrêter des réacteurs supplémentaires a eu d'autres conséquences immédiates, sur les cours de l'électricité. Déjà en forte hausse depuis des semaines, dans le sillage de cours du gaz portés par la reprise économique mondiale, ils ont atteint de nouveaux sommets vendredi.

 

Les industriels inquiets

Les cours de l'électricité pour livraison l'an prochain en France s'approchaient des 300 euros le mégawattheure sur le marché de gros. La barre des 100 euros en France avait été franchie pour la première fois au mois de septembre et les prix n'ont cessé de grimper depuis. Si les particuliers et les petites entreprises sont protégés par la limitation de la hausse à 4% du tarif réglementé l'an prochain, décidée par le gouvernement, les industriels sont inquiets malgré d'autres mesures qui leur sont destinées.

Le Comité de liaison des entreprises consommatrices d'électricité (CLEEE) a ainsi appelé "les pouvoirs publics à suspendre immédiatement les cotations sur les marchés à terme et à mettre en place en urgence un prix administré". Des industriels devront sinon décider d'"arrêter des chaînes de production, ou, quand ils le peuvent, de délocalisation".

C'est déjà le cas pour l'usine Nyrstar d'Auby, dans le Nord, dernière à fabriquer du zinc en France avec 300 salariés: elle sera mise à l'arrêt le 2 janvier pour au moins deux mois, ont annoncé vendredi la CGT et la direction.