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Anaïs Huet
Chez Matthieu Belliard lundi soir, le président du principal syndicat de cadres s'agace contre la possible révision de l'allocation chômage versée aux cadres supérieurs, qu'envisagerait actuellement le gouvernement.
INTERVIEW

"En colère, le mot est faible." Après avoir appris par voie de presse que le gouvernement envisageait de réviser les allocations chômage des cadres supérieurs, François Hommeril, président CFE-CGC, le principal syndical des cadres, se dit "désabusé". Au micro de Matthieu Belliard, lundi soir, sur Europe 1, il déplore une orientation qui nie, selon lui, l'effort de solidarité que ces actifs font déjà.

"Ça ne peut pas convenir". Le journal Les Échos, dans son édition de lundi, a révélé que le gouvernement étudiait plusieurs options pour réaliser une part des économies de sa réforme de l'Unédic. Après l'échec des négociations des partenaires sociaux, le gouvernement a repris la main sur ce dossier et envisage d'instaurer une dose de dégressivité des allocations des cadres, ou bien de plafonner davantage leurs indemnisations, selon le quotidien économique.

"Ça ne peut pas convenir. Dans un système assuranciel et contributif, il y a une logique de répartition entre le niveau de cotisations et le niveau d'allocations", défend François Hommeril. Selon lui, les cadres supérieurs réalisent déjà un effort de solidarité important.

La forte contribution solidaire des cadres. "Pour les cadres, mais pas que pour eux, il y a un délai de carence qui est au maximum de 150 jours pendant lesquels, quand vous vous retrouvez sans emploi, vous ne touchez aucune allocation. Déjà aujourd'hui, les cadres contribuent énormément au système, à son principe de solidarité et à son efficacité", assure le patron du CFE-CGC. Et d'illustrer : "42% des ressources du régime sont assises sur les cotisations des salaires des cadres, et seulement 15% des allocations vont au même public. Il y a donc aujourd'hui 27% qui vont à la solidarité catégorielle."

Quels efforts pour quelles économies ? Les contributions à l'assurance chômage sont actuellement appliquées aux salaires bruts dans la limite de quatre plafonds de la sécurité sociale (PSS), ce qui limite les indemnités mensuelles pouvant être versées à 7.700 euros environ, indiquent Les Échos. Selon l'Unédic, abaisser le plafond à trois PSS permettrait d'économiser 137 millions d'euros par an, et l'abaisser à 2,5 PSS, 285 millions d'euros. Mais il faudrait pour ce dernier cas accepter des allocations maximum de 4.800 euros par mois.

Le gouvernement donnera mardi des précisions de calendrier et de méthode sur la suite de la réforme de l'assurance chômage. Une explication que François Hommeril attend impatiemment.