Airbus chiffre ses suppressions de postes, craintes de licenciements

Les syndicats craignent des licenciements secs, ce qui serait une première pour le groupe.
Les syndicats craignent des licenciements secs, ce qui serait une première pour le groupe. © Airbus / J.V. REYMONDON
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avec AFP
Environ 1.300 postes sont menacés, selon les syndicats. Le site de Suresnes pourrait être tout particulièrement touché.

Airbus dévoile mardi à ses employés les suppressions de postes qu'entraînera l'an prochain sa restructuration, les syndicats les évaluant à plus de 1.300 en France et en Allemagne, de quoi faire craindre des licenciements secs. Le comité européen se réunit de 10h à 12h30 à Blagnac, dans la banlieue de Toulouse, afin de détailler le programme de suppressions ou de transferts de postes sur l'ensemble du groupe.

Le site de Suresnes menacé ? Selon la CFE-CGC, deuxième syndicat au sein du groupe, "1.357 postes seront soit supprimés soit transférés, sur un total de 10.000 emplois" dans les services affectés. "On pense que la plupart de ces 1.357 postes seront en fait supprimés", avait indiqué Thierry Préfol, coordinateur adjoint de la CFE-CGC pour Airbus Group, jeudi soir, à l'issue du dernier comité de branche. Ce chiffre fait craindre aux syndicats des licenciements secs, ce qui serait une première dans l'histoire du groupe européen. Les licenciements "ne sont pas dans la culture du groupe mais on est inquiet, en particulier en ce qui concerne le site de Suresnes (près de Paris, ndlr), qui doit fermer", avait ajouté Thierry Préfol. "C'est la désolation", a confirmé à l'AFP un représentant syndical du site francilien, qui souhaite conserver l'anonymat. "La grande crainte c'est la fermeture pure et simple du site", qui emploie actuellement 650 personnes.

Les salariés "estomaqués". "Pour les gens d'ici, c'est une catastrophe". Même si des mutations géographiques étaient proposées, "encore faut-il être en capacité de déménager à Toulouse" avec sa famille, selon lui. "Les salariés sont estomaqués" parce qu'"on ne peut pas dire que le groupe a des problèmes, il est en plutôt bonne santé financière". Le plan de restructuration devrait également toucher, mais dans une moindre mesure, le site de Marignane près de Marseille. Airbus Helicopters, également situé à Marignane et lancé dans un plan distinct de suppressions de 582 postes, n'est en revanche pas concerné.

Une "tradition de dialogue social". Interrogé sur la possibilité de licenciements secs, le PDG d'Airbus, Fabrice Brégier, a assuré jeudi que le groupe avait "une tradition de dialogue social qui a toujours permis, normalement, de trouver des solutions comme avec Power 8", un plan de suppression de 7.900 postes, lancé en 2007, et qui s'est fait sans aucun licenciement. Il y a de fortes chances qu'Airbus annonce un PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi), nouvelle appellation du "plan social", estime cependant FO, majoritaire chez Airbus.

Éviter les "duplications". Les éventuels licenciements secs ne devraient pas être annoncés dès ce mardi, le comité de ce jour se limitant au nombre de suppressions de postes. Les négociations sur leur traitement social, donc des éventuels licenciements, ne s'ouvriront qu'en janvier 2017, et jusqu'au 1er juillet, date de la mise en oeuvre de la restructuration. La réorganisation du groupe, baptisée Gémini, consiste à fusionner à Toulouse les sièges de la branche d'aviation commerciale (Airbus SAS, 70% de l'activité) avec le groupe (Airbus Group SAS). Cette fusion-intégration, qui touche presque exclusivement les fonctions administratives et non opérationnelles, doit fait naître une nouvelle entité baptisée tout simplement "Airbus". Elle est destinée à éviter les "duplications" et à gagner en "agilité", selon la société.