Un banquier pour diriger La Poste

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Sophie Amsili avec Carole Ferry , modifié à
Le nouveau PDG Philippe Wahl devra réorienter le groupe vers l'activité bancaire et le colis.

La nomination. On connait désormais le nom du futur président du groupe La Poste : le conseil d'administration a tranché jeudi en faveur de Philippe Wahl, actuel patron de la Banque Postale, pour succéder à la rentrée à Jean-Paul Bailly. Celui-ci avait  annoncé début juillet qu'il quittait l'établissement public avant la fin de son mandat, après l'avoir dirigé pendant 11 ans.

Qui est Philippe Wahl ? Âgé de 57 ans, Philippe Wahl vient du secteur bancaire. Ancien directeur général de la banque britannique Royal Bank of Scotland pour la France, la Belgique et le Luxembourg, il a rejoint La Poste début 2011 pour prendre les commandes de la filiale bancaire du La Poste, la Banque postale. Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici l'avait désigné comme candidat idéal pour prendre les rênes du groupe. Les deux hommes se connaissent bien, puisqu'ils ont partagé les mêmes bancs lorsqu'ils étudiaient à l'ENA.

Cap sur le colis et la banque. Dès son arrivée, Philippe Wahl sera confronté à un défi de taille : restructurer l'activité de La Poste qui est confrontée à un déclin inéluctable de son cœur de métier, l'activité courrier. Au premier semestre 2013, le volume de celle-ci a subi une baisse de 6%, en partie compensée seulement par la hausse du prix des timbres au 1er janvier. Résultat, le bénéfice net du groupe a reculé de 8,5% sur un an, à 396 millions d'euros, et il est surtout tiré par le colis et les activités bancaires. Deux secteurs qui sont les nouveaux axes de développement prévus par le "projet stratégique 2013-2018" du groupe que le nouveau PDG devra bientôt mettre en œuvre.

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Les craintes des syndicats. Que La Poste voit son salut dans l'activité bancaire sous la houlette d'un banquier inquiète les syndicats. Interrogé par Europe 1, Régis Blanchot, délégué général de SUD-PTT, deuxième syndicat du groupe, évoque une "crainte double" : d'abord "pour les salariés [car] un banquier, son objectif est avant tout de faire de l'argent" ; mais aussi "pour les usagers : M. Wahl, avant d'être à la Poste, était à la Caisse d'Epargne et il a gommé tout ce qui faisait la spécificité de l'Ecureuil". Or, poursuit le syndicaliste, "la Banque postale a l'image d'une banque pour tous. La crainte, c'est qu'elle devienne comme ses consœurs et participe à l'exclusion bancaire qui frappe de nombreux usagers de ce pays".

Philippe Wahl devra donc faire preuve de dextérité et de diplomatie pour mener à bien cette restructuration alors que le climat social reste très tendu à La Poste. Le groupe est encore marqué par une vague de suicides, surtout en 2012. Dans leur lettre d'adieu, plusieurs postiers mettaient directement en cause leur hiérarchie et une réorganisation qui a bouleversé leur travail.

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