S&P salue la "volonté" de la France

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INTERVIEW E1 - Pour le responsable de Standard & Poor's à Paris, la France va dans le bon sens.

Plutôt habituée à cumuler les mauvaises notes ces dernières années, la France a reçu jeudi une forme de satisfecit de la part de l'agence de notation Standard and Poor’s. Le président de son antenne française, Jean-Michel Six, a estimé jeudi matin sur Europe 1 que le couple Hollande - Ayrault a engagé "un effort sans précédent : aucun gouvernement jusque ici n’a essayé de faire cela. Je ne dis pas qu’ils vont réussir, mais en tout cas c’est une volonté affichée dont on prend acte".

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Pas de déception sur le déficit. Le gouvernement a commencé à reconnaitre mardi qu'il allait revoir à la baisse sa prévision de croissance pour 2013, ce que la Commission européenne a confirmé dès le lendemain. Cela ne perturbe pourtant pas plus que cela la souvent décriée agence de notation. "Les prévisions de la Commission européenne ne sont pas une surprise : nous savions déjà depuis un certain temps que 2013 serait encore une année très, très difficile et que l’objectif de 3% de déficit pour cette année paraissait un objectif très ambitieux", a déclaré Jean-Michel Six, avant d'ajouter : "les annonces récentes du gouvernement de ce point de vue là ne constituent pas du tout une surprise, ils ont même assez bien géré leur communication.
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L'agence de notation a même multiplié les avis positifs sur l'action du gouvernement, "qui essaye à l’évidence de réduire l’engagement de l’Etat". "Quand vous avez un gouvernement qui s’engage d’ici 2017 à réduire les dépenses publiques de 60 milliards, c’est un effort sans précédent : aucun gouvernement jusqu’ ici n’a essayé de faire cela. Je ne dis pas qu’ils vont réussir, mais en tout cas c’est une volonté affichée dont on prend acte".

"Ce qui compte c’est la trajectoire". Si le gouvernement risque aux yeux de Standard & Poor's de ne pas respecter son engagement de 3% de déficit en 2013, l'essentiel est à plus long terme. "Ce qu’on attend de la France, c’est un engagement continu sur le maintien d’un certain nombre d’objectifs. Nous nous ne sommes jamais dans l’optique du point à un instant T. C’est-à-dire que par exemple sur les 3% de déficit, c’est un engagement qui n’est pas tenu mais pour une agence de notation comme la notre, ce qui compte c’est beaucoup plus la trajectoire que le point précis à un instant précis qui lui-même est influencé par une conjoncture européenne que les pouvoirs publics ne maitrisent pas", a souligné Jean-Michel Six.

croissance

© REUTERS

Standard & Poor's "plus inquiet" pour 2014-2015. Poursuivant son analyse à moyen terme, Jean-Michel Six a ajouté : "on regarde les perspectives de croissance affichées par le gouvernement au-delà de 2013 : là on se fixe beaucoup sur le 0,1% ou 0% (de croissance) en 2013. Mais, moi, ce que je note, c’est qu’en 2014-2015 les lois de finances et les budgets prévoient pour l’instant 2% de croissance. Je suis plus inquiet sur ces 2%, qui à l’évidence seront très difficiles à atteindre".