Réforme du travail : Hollande menace... un peu

François Hollande a appelé vendredi à un "compromis, plus que jamais" sur une réforme du travail, invitant les partenaires sociaux et "le patronat en particulier" à ne pas "manquer l'occasion" d'un accord.
François Hollande a appelé vendredi à un "compromis, plus que jamais" sur une réforme du travail, invitant les partenaires sociaux et "le patronat en particulier" à ne pas "manquer l'occasion" d'un accord. © EUROPE 1
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INTERVIEW E1 - Il a appelé patronat et syndicats à un "compromis" après un premier échec.

La déclaration. "Je l'appelle ce compromis, plus que jamais ce matin", a déclaré vendredi François Hollande, invité exceptionnel d'Europe1, au lendemain du report à janvier de la négociation sur la réforme du marché du travail. "Je dis aux partenaires sociaux : 'que l'occasion ne soit pas manquée, et au patronat en particulier, n'attendez pas que la loi fasse ce que les partenaires eux-mêmes n'auraient pas convenu", a-t-il prévenu.

Le contexte. Syndicats et patronat s'écharpent depuis des semaines sur la question de la sécurité du marché du travail. Le Medef veut le rendre plus flexible et les syndicats craignent une fragilisation du statut des salariés. Jeudi, alors qu'elle était censée être entrée dans son dernier round, la négociation entre les partenaires sociaux sur la réforme du marché du travail n'a pas abouti à un accord et a été renvoyée à des discussions ultérieures, en janvier, a indiqué jeudi le négociateur de la CFDT Patrick Pierron. "Le patronat nous a dit qu'il était dans l'incapacité de faire une proposition écrite d'un nouveau texte ce soir (jeudi). La CFDT lui a proposé d'ouvrir la négociation demain, il nous a clairement dit que demain, il ne serait pas plus avancé et qu'il renverrait ça en janvier". La date du 10 janvier est citée.

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L'enjeu. Ce report des négociations s'apparente à un camouflet pour François Hollande. Début septembre, il avait appelé syndicats et patronat à "un accord historique avant la fin de l'année" sur le marché du travail. Sinon ? "Si les partenaires sociaux ne trouvent pas, c'est l’État qui prendra ses responsabilités", avait-il prévenu. Or la fin de l'année arrive et "l'accord historique" toujours pas. Selon les syndicats, le gouvernement doit désormais contraindre le patronat à la négociation. Sur Europe 1, François Hollande a semblé, quant à lui, prendre acte du report à janvier. "Je préfère qu'il y ait un peu plus de temps et un accord que tout de suite et pas d'accord", a-t-il conclu.

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Une bonne ou mauvaise nouvelle, ce report ? La présidente du Medef, Laurence Parisot, a pour sa part estimé sur Europe 1 que la poursuite des discussions en janvier "n'était pas du tout une mauvaise nouvelle", ajoutant qu'il restait "des ajustements" à trouver. Selon elle, "il y a une peur de l'embauche chez les patrons de TPE et de PME très grande" et l'éventuel accord en cours de négociation "pourrait être très important et réduire cette peur de l'embauche". Les syndicats, eux, se montrent bien moins optimistes. "Je dis à François Hollande : 'vous vouliez un accord historique, faites en sorte que le patronat avance sur le recul de la précarité et la flexibilité de l'emploi. Dites à Laurence Parisot que les propositions syndicales ne sont pas si illégitimes'", a ainsi réclamé sur Europe1 le négociateur de la CFDT, Patrick Pierron.