Péages d'autoroutes : le bras de fer se durcit

Alors qu'une hausse du tarif des péages d'autoroute de 0,57% doit être présentée vendredi aux usagers, dans le cadre de l'augmentation annuelle, les négociations s'annoncent houleuses, la ministre de l'Ecologie en charge des Transports Ségolène Royal la jugeant "inadmissible".
Alors qu'une hausse du tarif des péages d'autoroute de 0,57% doit être présentée vendredi aux usagers, dans le cadre de l'augmentation annuelle, les négociations s'annoncent houleuses, la ministre de l'Ecologie en charge des Transports Ségolène Royal la jugeant "inadmissible". © MaxPPP
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avec AFP , modifié à
PLEINS PHARES - Le gouvernement promet une baisse, les sociétés d'autoroutes proposent une augmentation. Provocation ?

Un nouveau bras de fer a démarré entre le gouvernement et les sociétés d'autoroutes. Le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, a promis récemment de "faire pression pour baisser les tarifs" des péages. Ségolène Royal, elle, propose même une gratuité partielle. Mais les concessionnaires n'entendent pas vraiment aller dans ce sens. Ces dernières proposent même, en moyenne, une augmentation des péages de 0,57% l'an prochain, notamment pour compenser l'inflation et les investissements à venir sur les réseaux autoroutiers.

"Inadmissible" leur a répondu la ministre de l’Écologie jeudi soir, refusant d'entendre parler de hausse. "On ne leur donnera pas cette autorisation", a martelé la ministre sur BFM TV, associant le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, dans cette décision. "L'Etat, au nom du pouvoir d'achat des Français, va prendre ses responsabilités et va leur rappeler leurs droits et leurs devoirs", a-t-elle encore expliqué, en marge de la Conférence environnementale ouverte par le président François Hollande.

Les tarifs augmentent chaque année. Une hausse de 0,57% du tarif des péages au 1er février 2015 doit être présentée vendredi matin au comité des usagers. Les tarifs des péages augmentent en effet chaque année au 1er février, selon les termes des contrats signés entre l'Etat et les sociétés d'autoroute. Le pourcentage est calculé et validé par le gouvernement et les services de l'Etat, selon une formule déterminée dans les contrats, notamment au regard de l'inflation. Pour 2015, l'inflation  s'élève à 0,38%. Les investissements réalisés par ces sociétés sont également pris en compte dans le calcul.

Au 1er février 2014, les tarifs autoroutiers avaient augmenté de 0,80% en moyenne, alors que la proposition formulée en novembre avait été de 1,14%. La hausse moyenne annuelle s'élève à 1,90% depuis 2003.

Les critiques se multiplient. Du gouvernement à l'Autorité de la concurrence en passant par la Cour des comptes, le constat est unanime : les sociétés d'autoroutes font beaucoup de profits, et ne les partagent pas assez avec les automobilistes. Dans un rapport, l'Autorité pointait notamment une hausse des péages qui a quasiment toujours dépassé l'inflation depuis dix ans et des contrats qui garantissent en outre que les tarifs ne baisseront pas, même en cas de déflation.

Selon le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, Pierre Chasseray, la hausse proposé est donc "absolument inacceptable alors que le ministre avait promis une baisse". L'association compte d'ailleurs riposter, avec le lancement du site www.stopauxpeagestropchers.com, sur lequel les usagers pourront signer une pétition. Y seront également recensés les parlementaires et présidents de partis politiques qui se sont prononcés contre une hausse des tarifs.

Des critiques justifiées ? De leur côté, les concessionnaires ont appelé récemment à "sortir de la critique excessive". D'ici à 2027, date minimum de la fin de leur concession, "la rentabilité sera de 7% par an si tout va bien. Elle sera négative si tout va mal, c'est-à-dire si les taux d'intérêt montent et si le trafic baisse", avait expliqué Pierre Coppey, président de Vinci Concessions et de l'Asfa. Les concessionnaires rappellent d'ailleurs que le secteur autoroutier est un secteur très endetté, et que leurs investissements passés (18 milliards d’euros sur les 10 dernières années) et avenir ont permis de faire des autoroutes françaises "l'un des meilleurs atouts de l'économie française", sans affecter les comptes publics.