PSA : l'utilitaire qui fait respirer Hordain

PSA a annoncé vendredi que son futur utilitaire léger sera produit dans l'usine Sevelnord d'Hordain, dans le nord.
PSA a annoncé vendredi que son futur utilitaire léger sera produit dans l'usine Sevelnord d'Hordain, dans le nord. © Edouard Bride/MaxPPP
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avec AFP , modifié à
L'usine Sevelnord va fabriquer un utilitaire. Les syndicats restent divisés sur la nouvelle.

L'usine de PSA Peugeot Citroën d'Hordain et ses 2.800 employés peuvent souffler. Le constructeur automobile français a annoncé vendredi que son futur utilitaire léger sera produit sur ce site du Nord. Un soulagement, car l'avenir de l'usine était mis en pointillés depuis la dissolution de sa coentreprise avec l'Italien Fiat, baptisée Sevelnord.

"Cette décision du groupe permet d'assurer l'avenir du site", a estimé PSA. "Elle représente un investissement global de plus de 750 millions d'euros, dont plus de 400 millions dédiés à la recherche et développement", a souligné le premier constructeur français dans un communiqué.

Le nouveau modèle utilitaire assemblé à Hordain, dont le nom de code est "K1", sera positionné sur le milieu de gamme. PSA occupe le premier rang européen des véhicules utilitaires légers avec une part de marché de 20,8% au premier semestre.

Vives inquiétudes après le départ de Fiat

peugeot 208

© Peugeot

Le site d'Hordain emploie actuellement 2.800 personnes à la fabrication des monospaces Peugeot 807 et Citroën C8, ainsi que des utilitaires Peugeot Expert, Citroën Jumpy et Fiat Scudo. Il était sur la sellette depuis l'annonce, en mai 2011, de la fin du partenariat avec Fiat.

Le site était en effet détenu jusqu'alors à 50/50 par les deux constructeurs, et produisait 20 à 25% de véhicules pour l'Italien. Mais, en raison de divergences de vue sur le développement de nouveaux modèles, PSA avait annoncé au printemps 2011 son souhait de mettre fin au partenariat, ce qui avait jeté un doute sur la survie de l'usine.

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 Trois conditions remplies pour le maintien

La décision de poursuivre l'exploitation de l'usine était néanmoins sur les rails, depuis que les trois conditions posées par PSA avaient trouvé une réponse positive le mois dernier.

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Un accord avait d'abord été trouvé avec Fiat le 11 juillet dernier,  visant à dissoudre leur coentreprise. Au passage, Fiat s'est engagé à céder toutes ses parts à PSA. L'accord a été suivi d'un autre le 23 juillet avec Toyota, dans lequel le constructeur japonais s'était engagé à acheter une partie de la production du site.

Et trois jours plus tard, les salariés avaient de leur côté accepté de nombreuses concessions pour améliorer la rentabilité de l'usine. Cet accord direction-salariés porte notamment sur une gestion plus flexible du temps de travail et des RTT, en contrepartie d'un engagement de la direction à ne procéder à aucun licenciement économique pendant trois ans. Sur ce dossier, le président du directoire de PSA, Philippe Varin, a tenu vendredi à "remercier les partenaires sociaux de Sevelnord pour la qualité du dialogue établi à un moment crucial pour l'avenir du site".

La CGT crie au "chantage"

Mais tout ne s'est pas fait comme sur des roulettes. Négocié avant l'annonce par PSA Peugeot Citroën de son projet de supprimer 8.000 postes au sein du groupe et de fermer Aulnay, cet accord avait reçu la signature des syndicats CFE-CGC, FO et SPI-GSEA mais pas de la CGT, qui avait alors parlé de "chantage".

Pour le syndicat, le constructeur aurait fait peur aux salariés pour obtenir l'accord sur la flexibilité. Et au gouvernement pour obtenir des subventions publiques. "C'est du chantage. On ne peut pas demander des sacrifices démesurés aux salariés tout en donnant de l'argent public à la direction de PSA", avait ainsi protesté au micro d'Europe1 Ludovic Bouvier, secrétaire général CGT de l'usine Sevelnord, le 24 juillet, après une rencontre entre Philippe Varin et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

philippe varin PSA matignon

Or rien, dans la santé économique du site, ne justifiait de telles mesures d'après lui. "Le groupe a versé 200 millions d'euros aux actionnaires l'an dernier ", avait ainsi scandé le syndicaliste.

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Borloo souligne "l'exemplarité de la gestion du dossier"

La CGT a toutefois salué vendredi l'annonce de la fabrication d'un nouvel utilitaire. Mais elle estime que cela ne répond pas à toutes les questions sur l'avenir du site et le maintien des effectifs.

CGT syndicat

"L'annonce abrupte comme ça, ce n'est pas une mauvaise nouvelle, mais il est nécessaire maintenant que la direction réponde à l'ensemble des questions que les travailleurs se posent : 'combien il va rester de salariés' ? 'Combien on va fabriquer de véhicules?'", a réagi Ludovic Bouvier. "Ils savent exactement combien ils garderont de salariés, mais ils ne nous disent rien. Chacun se dit 'J'espère que moi, je pourrai le fabriquer'", a-t-il renchéri.

"On a joué gagnant-gagnant, il y a eu l'accord et derrière il y a effectivement l'annonce. On a joué le jeu, l'entreprise PSA a joué le jeu, on ne peut être que ravis", s'est, enfin, félicité Pascal Lucas, délégué syndical CFE-CGC, qui avait signé l'accord de flexibilité.

borloo, ministre, écologie, parti radical,

Député et ancien maire de Valenciennes, le président du Parti radical Jean-Louis Borloo a, quant à lui, fait part de son "soulagement" et souligné l'"exemplarité" de la gestion de ce dossier. "A un moment de très grande inquiétude dans le secteur de l'automobile, cette décision est la preuve qu'un dialogue permanent, positif et constructif entre l'ensemble des acteurs donne un avenir à ce secteur", s'est-il réjoui.