"On va broyer les concombres"

En raison de la rumeur qui a couru sur leurs produits suite à l'épidémie de la bactérie Eceh, les producteurs de concombres français vont être contraints de détruire leur production.
En raison de la rumeur qui a couru sur leurs produits suite à l'épidémie de la bactérie Eceh, les producteurs de concombres français vont être contraints de détruire leur production. © MAXPPP
  • Copié
avec agences et AFP , modifié à
TEMOIGNAGE - Un maraîcher de Carquefou n’a d’autre choix que de détruire son stock.

La suspicion sur le concombre de la présence de la bactérie Eceh est catastrophique pour les agriculteurs français. "Dans la plupart des régions de production de légumes, évidemment de concombres, mais ça touche aussi une partie des tomates et des autres légumes, on assiste à une mévente qui impacte profondément les producteurs et la filière légumes", a expliqué Xavier Beulin, président de la FNSEA, parlant même de "ventes zéro" du concombre durant le week-end.

Conséquence directe : les producteurs de concombres souffrent des rumeurs qui pèsent sur leur produit. C’est le cas de Laurent Cheminant, exploitant à Carquefou en Loire-Atlantique. Il va être le premier à broyer 80.000 concombres lundi, soit la moitié de sa récolte de la semaine passée. Ce sera la première fois, en 22 ans, qu’il va détruire sa production.

"Ca fait mal au cœur"

"Aujourd’hui, les frigos sont pleins. Et il faut jeter", déplore l’agriculteur. "On va vider tout ce qui est conditionné dans des bennes et broyer le produit sur terrain", explique-t-il au micro d’Europe 1. "On a fait tout le boulot. On avait tout mis en colis. Aujourd’hui, on va tout détruire", regrette Laurent Cheminant.

"J'ai mal au cœur" :

Et ce qui inquiète le plus ce producteur, c’est le niveau de consommation. "On ne retrouvera jamais ceux qu’on avait il y a quinze jours", croit-il savoir avant de planifier un redémarrage pas avant "un mois ou deux". Et si cela tarde trop, il sera contraint de mettre ses employés au "chômage technique".

Laurent Cheminant pointe aujourd’hui du doigt l’Allemagne, qui a incriminé le concombre la semaine dernière. "Avant de faire des effets d’annonce, il faut des preuves", explique-t-il avant d’ajouter : "ça me met hors de moi".

"Des compensations pour les agriculteurs"

L’Union européenne a toutefois annoncé son intention lundi de proposer des "compensations" financières pour aider les producteurs de fruits et légumes, dont les ventes ont chuté à la suite de l’épidémie de la bactérie tueuse.

"Il y aura mardi une réunion extraordinaire des ministres de l'Agriculture" à Luxembourg "au cours de laquelle la Commission européenne va proposer des mesures concrètes de compensation" pour le secteur, a indiqué sa porte-parole, Pia Ahrenkilde lundi.

Plusieurs pays réclament des aides, parmi lesquels l'Espagne, victime d'un crise de défiance à l'égard de ses concombres qui ont été mis en cause par les autorités allemandes à l'origine, mais aussi la France, les Pays-Bas, la Belgique et l'Allemagne elle-même.