Obama au secours des ouvriers français ?

Les salariés de la fonderie DMI de Vaux (Allier), promise à la fermeture en raison du désengagement de l'actionnaire américain Platinum Equity, ont écrit au président Barack Obama pour qu'il fasse "pression" afin de leur obtenir une indemnisation.
Les salariés de la fonderie DMI de Vaux (Allier), promise à la fermeture en raison du désengagement de l'actionnaire américain Platinum Equity, ont écrit au président Barack Obama pour qu'il fasse "pression" afin de leur obtenir une indemnisation. © Capture d'écran FranceTVinfo
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Les salariés de la fonderie DMI, dans l'Allier, ont écrit une lettre au président américain.

La lettre. "Je pense que vous seul, Monsieur OBAMA, êtes en mesure de faire pression." Ces mots ne sont ni ceux d'un chef d’État, ni d'un homme politique américain, ni même ceux d'un Américain tout court. Ils ont été rédigés par les salariés de la fonderie DMI de Vaux, dans l'Allier, dans un courrier de deux pages envoyé lundi à la Maison Blanche. L'usine est en redressement judiciaire et fermera ses portes bientôt, si aucun repreneur ne se fait connaitre avant le 5 mars.

La fonderie DMI de Vaux, c'est quoi exactement ? L'usine (168 salariés) produit des pièces en aluminium pour l'industrie automobile, en particulier Renault. Elle a été placée en redressement judiciaire le 24 juin dernier. Le groupe DMI avait racheté l'usine en 2011, après une précédente mise en redressement judiciaire, et investi 10 millions d'euros. Mais il ne peut aujourd'hui "plus faire face aux pertes financières, générées notamment par l'annulation d'un contrat d'un important client", comme l'a récemment expliqué un porte-parole de la direction.

DMI Grève

Que peut bien faire Obama ? Les syndicats déplorent le fait qu'aucun renseignement ne leur soit communiqué sur l'accompagnement des salariés en cas de fermeture d'usine. Ils espèrent que le locataire de la Maison Blanche fera pression sur Platinum Equity, l'actionnaire américain de DMI, pour que celui-ci leur garantisse le versement d'une indemnisation. "Monsieur le président, en France, le droit prévoit que dans de telles circonstances, l’actionnaire est soumis à certaines obligations, celles entre autres, d’apporter une aide aux salariés qui vont être licenciés. A ce jour, malgré nos différentes sollicitations, le groupe reste muet et ne nous entend pas", regrettent ainsi les employés dans la lettre, sous la plume du délégué CGT, Didier Verrier. Et de poursuivre : "permettez-nous de solliciter votre intervention auprès de PLATINUM  EQUITY afin que ce dernier prenne conscience qu’au regard du droit français, il est inconcevable de ne pas indemniser les salariés dont on se sépare".

Obama usine

© Kevin Lamarque / Reuters

Une lettre aussi à Montebourg. Les salariés ont également demandé, dans un courrier au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, "d'intervenir personnellement auprès des dirigeants de Renault afin qu’ils fassent l’impossible pour maintenir 100% de la charge actuelle attribuée à l’entreprise, gage de sécurité pour le repreneur". Le 15 février dernier, lorsqu'une délégation de représentants de salariés avait été reçue au ministère, Arnaud Montebourg avait déclaré pouvoir appeler le numéro 2 de Renault. Mais pour le moment, selon le délégué CGT, Didier Verrier, cité par France 3, "rien n'a été fait".

À la recherche de la médiatisation. Les salariés de la fonderie n'en sont pas à leur premier coup médiatique. Le 13 février dernier, les syndicats avaient en effet menacé de faire exploser l'usine en plaçant des explosifs à l'intérieur du site. "Nous avons placé des systèmes électriques, reliés à un détonateur avec du plastique", avait décrit Gabriel Gawin, délégué syndical CFDT, sur BFMTV.

"La radicalisation répond à un besoin de médiatisation. Il faut attirer les caméras pour pousser l'Etat à mettre la pression sur les directions", avait alors expliqué, en privé, un dirigeant cégétiste cité par Les Echos. Nul doute qu'une réponse de Barack Obama répondrait, au moins, à ce "besoin de médiatisation".