Les hôtels déclarent la guerre à Airbnb

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Elisabeth Assayag et , modifié à
INFO E1 - Les représentants des hôteliers demandent au gouvernement de renforcer les règles pour mettre fin à une concurrence jugée déloyale.

La location de logement entre particulier ne cesse de se développer, un succès qui ne plait pas à tout le monde et pousse les hôtels à entrer en conflit avec les particuliers loueurs d'appartement. Selon les informations d’Europe 1, les représentants des hôteliers doivent envoyer jeudi un courrier à Manuel Valls pour dénoncer les pratiques de ceux qui proposent aux touristes de louer un appartement ou une chambre à la nuitée. Objectif de la manœuvre : rendre cette pratique, incarnée par le mastodonte Airbnb, moins intéressante pour ramener les clients vers les hôtels.

L’hôtellerie dénonce une concurrence déloyale. Si les professionnels du tourisme réclament des mesures fortes au gouvernement, c’est parce qu’ils estiment ne pas lutter à armes égales contre un système qui ne cesse de se développer. Le système en question, c’est l’offre de location entre particuliers proposée par des entreprises comme Airbnb, Housetrip, Homelidays, etc.

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© FRED DUFOUR/AFP

Les hôteliers dénoncent une concurrence déloyale car si le particulier qui loue son appartement propose les mêmes services qu’un hôtel (draps, serviettes, voire petit déjeuner), il n’a pas à s’acquitter des mêmes charges. "Je cherche sur Internet ‘chambre hôtel’ dans ma ville et là, en même temps que ma chambre que je vends 100 euros, j’ai une offre de location d’appartement à 90 euros. Déjà, ce dernier ne paie pas la TVA et on n’a pas les mêmes charges : moi, à la fin de l’année, il me reste 2,50 euros ; eux, il leur reste au bas mot 50% du prix de la chambre. Si vous avez quatre chambres chez un propriétaire privé, vous payez une redevance privée, moi j’en paye quatre", décrit ainsi Laurent Duc propriétaire d'un hôtel à Lyon.

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Ces obligations que la profession veut imposer aux particuliers. Pour réduire cette distorsion de concurrence, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) demande donc au gouvernement de changer les règles du jeu.

Dans sa missive au Premier ministre, le secteur réclame d’imposer de nouvelles obligations aux particuliers qui louent une chambre ou leur appartement :
- Interdire les locations d’une seule nuit. L’Umih demande "la fixation d’une durée minimale de location de 7 jours, comme c’est le cas dans de nombreuses destinations touristiques, comme New-York, Barcelone, Berlin et des quartiers de Londres".
- Payer la TVA dès le premier euro.
- Instaurer des démarches administratives obligatoires. L’objectif est bien évidemment de dissuader les particuliers effrayés par la paperasse. Pour cela, l’Umih demande "l’enregistrement à la Mairie de tout hébergement commercial" et "le classement obligatoire pour tout type d’hébergement".
- L’accord de la copropriété. Le secteur réclame "l’obtention de l’accord des copropriétaires, très concernés et très impactés par ses locations et les nuisances qu’elles génèrent (tapage nocturne, insécurité, incivilités, etc.)".
- L’encadrement des plateformes mettant en relation les particuliers, afin qu’elles se conforment au droit français.

L’Umih invoque l’argument de l’emploi. Pour achever de convaincre le gouvernement, le secteur de l’hôtellerie rappelle que le développement de la location entre particuliers porte préjudice à l’emploi. Et l’Umih d’argumenter en soulignant qu’en 2014 il n'y a pas eu de création d'emploi dans les métiers de l'hôtellerie, une première.

Airbnb met en avant sa différence. Principale cible des hôteliers, Airbnb estime que ces derniers font fausse route car l’offre entre particuliers n’a rien à voir avec celle des professionnels du secteur. "On est sur deux systèmes différents, deux produits différents. (…) C’est vraiment une offre complémentaire, on le voit dans les chiffres : depuis qu’Airbnb existe, dans les grandes villes et notamment à Paris, les taux d’occupations des hôtels ont continué à augmenter, tout comme leurs prix", a argumenté Nicolas Ferrari, directeur France pour Airbnb, au micro d’Europe 1.

Et ce dernier d’ajouter : "les motivations des utilisateurs qui prennent un logement Airbnb sont très différentes de celles des voyageurs qui séjournent dans un hôtel : la durée moyenne de séjour est de cinq nuits alors qu’elle est de moins de deux nuits à l’hôtel. (…) Ils ont envie d’avoir une expérience différente, locale et authentique". Quand aux contraintes de réglementations, Nicolas Ferrari juge qu’il "y en a un grand nombre et elles ont même été renforcées au cours de l’année 2014. (…) Aujourd’hui on a un cadre législative qui est satisfaisant".

>> Retrouvez la lettre adressée par l’Umih au gouvernement :