Les grèves pendant les vacances en question

A la mi-juillet, une grève à Air Algérie avait cloué au sol des dizaines d'avions.
A la mi-juillet, une grève à Air Algérie avait cloué au sol des dizaines d'avions. © MaxPPP
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avec AFP , modifié à
Le député Lionnel Luca veut les interdire alors que deux grèves menacent Air France cet été.

Interdire les grèves durant les périodes de grands départs ou de retours de vacances : c’est l’objet de la proposition de loi déposée par le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca.

Ce proche du ministre des Transports Thierry Mariani a déposé son texte il y a plusieurs semaines à l'Assemblée, "pour compléter le service minimum". Mais le député a rappelé son initiative mardi au lendemain de l’annonce d’un possible nouveau conflit social à Air France ces prochains jours.

"La seule solution", selon le député

"Une nouvelle fois, ceux qui bénéficient de vacances à des prix défiant toute concurrence, n’ont rien trouvé de mieux que de pénaliser des salariés qui ont travaillé et économisé une année, afin de gâcher leurs vacances méritées", écrit mardi dans un communiqué Lionnel Luca, co-fondateur avec Thierry Mariani du collectif de la Droite populaire.

"Ce mépris pour ceux qui ne sont en rien responsables du conflit avec la direction et les pouvoirs publics est insupportable", et "la seule solution est (...) l’interdiction de la grève durant les périodes de départs et de retours massifs de vacances", ajoute Lionnel Luca.

La grève durant les vacances, "une provocation"

Lionnel Luca, mercredi matin sur Europe 1, a indiqué que sa proposition de loi ne concerne que "les jours où les départs et les retours sont massifs pour les vacanciers, afin de ne pas les pénaliser".

"On a longtemps été trop patient", pour Luca

Le choix des vacances d'été par le personnel gréviste d'Air France est une "provocation", estime-t-il. "Vouloir prendre cette période-là pour bousiller ce qui était un moment agréable pour les salariés, tant attendu, pour lequel ils ont dépensé de l'argent, je trouve que c'est vraiment scandaleux", martèle le député.

"On a longtemps été trop patient avec des gens qui se croient tout permis", ajoute Lionnel Luca, qui considère ne pas porter atteinte au droit de grève.

"On ne fait pas ça pour emmerder les gens"

Il s'agit d'une proposition "populiste" à des fins électoralistes, estime Sylvain Chazal, responsable du syndicat UNSA d'Air France, interrogé mercredi matin sur Europe 1.

"Du mépris pour les salariés", rétorque l'UNSA

"On va ensuite interdire les grèves à Noël, puis pendant les week-ends de mai ou de novembre ?", s'interroge-t-il. La mesure proposée par Lionnel Luca serait de toute façon inutile selon lui, car "le jour où les salariés voudront exprimer leur ras-le-bol, ils tomberont malades".

Alors que Lionnel Luca accuse le personnel d'Air France de mépris envers les voyageurs, Sylvain Chazal évoque un "mépris envers les salariés" de la part du député. "On ne fait pas ça pour emmerder les gens", conclut-il, assurant ne rechercher que le dialogue avec la direction.

FO condamne cette proposition

Du côté de Force Ouvrière, un communiqué publié mercredi qualifie les propos de Lionnel Luca de "provocation". Le syndicat voit dans cette mesure une menace pour le droit de grève.

"M. Luca devrait savoir qu'on ne fait pas grève par plaisir mais parce que la négociation n'a pas eu lieu ou n'a pas abouti. Dans le cas présent, il appartient à la direction d'Air France de discuter avec les syndicats", tranche Force Ouvrière, qui "s'inquiète, alors que la campagne électorale présidentielle débute, de voir resurgir des propositions pour le moins réactionnaires revêtant, là encore, un parfum d'anti-syndicalisme primaire".

Accoyer et Pécresse calment le jeu

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, qui appartient lui aussi à l'UMP, n'a pas apporté un franc soutien à Lionnel Luca, aujourd'hui sur France Inter : "Il y a en France des traditions et celles-ci méritent des grands débats, et ça ne se fait pas sur un coin de table", a-t-il commenté. N'hésitant pourtant pas à comparer l'action du personnel d'Air France à une "prise d'otage" à cause de la période choisie, il a ensuite estimé que "revenir sur un certain nombre de droits fondamentaux tels que le droit de grève, c'est un autre sujet".

Il a conclu en réveillant le débat sur le service minimum, mais en prenant soin de le ramener sur le terrain parlementaire : "Si un jour la France doit effectivement se rassembler pour être plus efficace, donner une meilleure image dans le monde tel que nous avons pu le faire dans la majorité avec le service minimum dans les transports, il faudra qu'il y ait un grand débat et cela ne peut se passer qu'au Parlement".

Valérie Pécresse, à la sortie du Conseil des ministres, a quant à elle qualifié le droit de grève de "point protégé par la Constitution". Elle a semblé souffler le chaud et le froid, affirmant que le gouvernement faisait confiance au "dialogue social et à l'esprit de responsabilité des personnels des compagnies aériennes pour ne pas prendre en otages les Français qui partent en vacances".