Les déficits, une "priorité nationale"

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Marion Sauveur (avec agences) , modifié à
Trouver des solutions pour réduire les déficits, c’est l’objectif de la conférence de ce jeudi.

Réduire les déficits de la France de 100 milliards d’euros, c’est l’objectif de la deuxième conférence sur la réduction des déficits français qui se tient ce jeudi à l'Elysée. Un "ajustement important" des dépenses publiques est nécessaire pour inverser la courbe des déficits, c'est ce que conclut un rapport remis jeudi à Nicolas Sarkozy en ouverture de la réunion.

"Réduire les déficits"

"Pour ramener les finances publiques sur une trajectoire soutenable, il serait illusoire de compter sur un surcroît d'inflation et tout aussi risqué de s'en remettre à la seule croissance. Un ajustement important de nos finances publiques est donc nécessaire", concluent Paul Champsaur et Jean-Philippe Cotis dans ce document. Le traitement du déficit public doit donc s'imposer comme une "priorité nationale", a estimé l'Elysée dans un communiqué.

"La France n’est pas en faillite : la preuve on lui prête. Mais la France a trop de déficits. Il faut qu’on les réduise de 100 milliards d’euros dans les trois-quatre ans qui viennent", a affirmé le rapporteur général du budget, Gilles Carrez, jeudi matin sur Europe 1. L’endettement "ne pose pas de problème pour le moment, parce que le monde entier prête à la France et dans des conditions aussi avantageuses qu’à l’Allemagne. Mais ça peut ne pas durer". Il s’élève à 1.600 milliards d’euros, ce qui correspond à 80% de notre richesse nationale et 26.000 euros par français, a-t-il précisé.

La solution : moins de dépenses

De cette conférence, Gilles Carrez espère qu’en sortira "un effort sur les dépenses publiques françaises, parce que dans la matière la France obtient le record du monde. En 2009, elles ont représenté plus de la moitié de la richesse produite par la France". Concrètement, "ce qu’il faut plutôt que de voir ces dépenses augmenter de 30 ou 40 milliards par an, c’est qu’elles n’augmentent que de 10 milliards. Et c’est possible !", a-t-il affirmé.

Pour cela, "il faut agir sur les recettes. Elles sont trouées de toutes parts par les niches fiscales et les niches sociales. Ça représente 75 milliards de niches fiscales sur les impôts et 35 milliards de dérogation d’exonération sur les prélèvements sociaux. La seule solution est de réduire ou de supprimer un certain nombre de niches et de dérogations", a-t-il expliqué.

Suppression de l'ISF et du bouclier ?

Quant au bouclier fiscal, le rapporteur général du budget préconise de le supprimer, tout comme l’Impôt sur la Fortune (ISF), de créer "une tranche sur revenu supplémentaire et de remettre à plat de la fiscalité sur le patrimoine". "Il faut qu’il y ait une équité de l’effort. Il faut que les plus aisés - autour de 10.000 euros par mois - soient mis le plus à contribution", a précisé Gilles Carrez.

L'intégralité de l'interview :

Les présidents socialistes des associations des départements et des régions ont annoncé qu'ils bouderaient la réunion de jeudi, en répétant que l'Etat était le seul responsable de la hausse de leurs dépenses.

Fin janvier, le chef de l'Etat avait conclu la première réunion de ce type et promis un "plan d'action complet" contre les déficits pour la deuxième conférence en renvoyant à avril les "décisions extrêmement importantes" pour l'enrayer. Entre-temps, la débâcle financière grecque et la panique conséquente sur les marchés financiers ont contraint le gouvernement à accélérer son calendrier. Le Premier ministre François Fillon a ainsi annoncé il y a quinze jours un "gel en valeur" des dépenses de l'Etat pour les trois ans à venir, au prix d'une baisse de son train de vie, d'une remise à plat de ses aides sociales et d'un rabotage des niches fiscales.

De l'avis général, ces mesures seront insuffisantes pour permettre à la France de ramener, comme elle s'y est engagée, fin 2013 dans la limite européenne de 3% du produit intérieur brut (PIB) un déficit public qui a atteint 7,5% du PIB en 2009 et devrait passer à 8% en 2010.