Les PME en manque de financement

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avec Pierrick Fay et Rémy Pierre , modifié à
Avec la crise financière, il est devenu plus compliqué d’emprunter auprès des banques.

Les banques sont devenues particulièrement frileuses, et ce sont surtout les PME. Avec le contexte de crise économique, nombreuses sont les sociétés qui rencontrent des refus de financement de la part des banques, les mettant ainsi en difficulté. Une situation qui pourrait bien faire "patiner" l’économie. C’est pourquoi Frédéric Lefebvre, secrétaire d'Etat aux PME, réunit mardi à Bercy des représentants des entreprises, mais aussi des banques pour discuter de ces conditions d'accès au financement.

"Pas notre métier de prendre des risques"

Cette difficulté à emprunter, Yaël Guillon, patron de Im Fusio, une entreprise de conseil à l’emploi qui compte huit salariés, l’a constaté à ses dépends. Alors que sa société est rentable, et double chaque année son chiffre d’affaires, il a essuyé sept refus de financement de la part d’établissements bancaires. "Entre le moment de déposer le dossier fin juin-début juillet et la rentrée, le discours était très différent, et on ne rentrait plus dans les cases", a-t-il témoigné sur Europe 1.

La raison qui a été donnée par une des banques à ces refus est simple : ça n’est pas le moment de prendre des risques. "Une banque m'a répondu : 'monsieur, prendre des risques, c'est votre métier, notre métier n'est pas de prendre des risques, bien au contraire'. Je comprends, mais ça me frustre, ça m'agace un peu", a poursuivi l’entrepreneur.

Des financements vitaux pour les micros entreprises

Im Fusio est le reflet de nombreuses micro entreprises qui trouvent guichet clos lorsqu’elles cherchent à financer leurs investissements. Jean-François Roubaud, président de la confédération CGPME, évoque un  problème récurrent. "Dans les régions, toutes les petites entreprises m'ont dit qu'elles avaient du mal à avoir des financements de l'ordre de 15 ou 20.000 euros. Ce sont des tout petits financements mais pour une petite entreprise, c'est la vie ou la mort", a-t-il affirmé au micro d’Europe 1.

Les collectivités inquiètes elles aussi

Du côté des collectivités locales, on s’inquiète également pour la pérennité de certains projets. Par exemple, à Saint-Gervais, en Haute Savoie, la Ville a été obligée d'abandonner la construction d'un complexe sportif et scolaire. Les banques avaient pourtant promis depuis plusieurs années de le financer, pour 17 millions d'euros, avant de se rétracter à quelques semaines du début des travaux.

Le maire de la commune, Jean-Marc Peillex, qui craint que de nombreuses communes subissent le même sort, est en colère. "Tout le travail, tous les honoraires qu'on a payés... Les banquiers par leur réponse nous font mettre cet argent à la poubelle", a-t-il réagi. 

"Les banquiers, après nous avoir mis dans une situation très difficile en France par un manque peut-être de compétences, sont en train de créer une crise économique énorme (…) Ce sont quand même les communes et les collectivités locales qui ont relancé l’économie il y a deux ans, c'est grâce aux investissements des communes que la machine est repartie", a-t-il poursuivi, avant de conclure : "c’est dramatique car on va mettre des années à s'en remettre".